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essai sur la chimie expérimentale

que nous l’avons décrite, est la chimie telle qu’elle s’enseigne, telle qu’elle apparaît à l’homme cultivé qui en possède les doctrines fondamentales ; ce n’est point la chimie qui se fait ; avec ce que nous avons exposé de la science du xviie siècle, il est impossible de prévoir quelles découvertes vont être faites, dans quelles directions même vont se tenter les recherches expérimentales qui aboutiront à ces découvertes ! Pour avoir une vision aussi nette de l’évolution historique de la science que des stades successifs qu’elle traverse, il faudrait procéder d’autre manière. Nous devrions pénétrer dans les laboratoires d’alors et, avec les mêmes préoccupations que les travailleurs apportaient dans leur labeur, en nous proposant de résoudre les problèmes qui les obsédaient, refaire les mêmes expériences. Au lieu de saisir l’ensemble de la métaphysique de la matière sous sa forme élégante et logique, nous devrions voir aux prises l’esprit du savant, et le fait que la doctrine qu’il professe n’est point encore parvenue à maîtriser ; le fait, le plus souvent, n’est pas exprimé, à notre goût, d’une manière suffisamment claire ; les expressions vagues de sens commun désignant soit les corps comme le pain, le vin, le sang, la sève, les plantes, soit les phénomènes tels que le feu, l’exhalaison, la corrosion, sont trop fréquentes et donnent lieu à des interprétations diverses ! Les théories appliquées n’ont pas la rigidité de systèmes doctrinaux se déroulant nécessairement ; souvent le chimiste les essaye, les abandonne, les reprend en les modifiant, les