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les doctrines chimiques en france

corrige les unes par les autres. L’historien ne peut espérer découvrir, sous les déductions ou les conclusions qui l’étonnent, par quelle demi-intuition, quel raisonnement inexprimé, quelle influence insensible de la tradition ou de l’actualité, ont pris naissance ces aperçus inconsistants qui, en se systématisant suivant l’habitude des pensées humaines, tendent à s’ériger en doctrine magistrale qui s’impose à l’admiration d’abord, puis inspire la confiance ! Un tel effort demanderait une puissance de pénétration, une finesse d’interprétation auxquelles il est peut-être impossible de parvenir ; et pourtant, si nous voulons saisir la véritable signification de la succession des doctrines scientifiques, force nous sera d’aventurer nos pas dans les régions troubles, agitées, obscures de la science en formation, de la pensée à l’état d’ébauche ! En agissant ainsi, nous ne prétendrons aucunement résoudre le problème de l’invention, de la formation et de l’association des idées, bref de la psychologie du savant ! Nous voudrions montrer seulement que l’histoire de la science est beaucoup plus compliquée qu’on ne le croit généralement, et que nombre d’historiens l’ont pensé ; que l’interprétation, que l’observation même d’un fait nécessitent, pour être fécondes, selon la doctrine de Condillac, la formation d’un langage qui mette en relief les caractères distinctifs de ce fait. Ce n’est pas tout. Nous voudrions aussi établir que l’étude attentive et empirique des événements remarquables est impuissante à nous révéler quel chemin