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les doctrines chimiques en france

l’étain et le plomb, par exemple, se transforment, sans flamme, sous l’action du feu, en une poudre appelée chaux métallique ; cette poudre, les chimistes le constatent avec étonnement, pèse davantage que les métaux qui lui ont donné naissance.

Tel est le phénomène paradoxal que la chimie a tenté d’expliquer de bien des manières différentes. Ce phénomène, il est bon de le noter, n’avait pas, dans la chimie d’autrefois, l’importance que les savants du xviiie siècle lui ont attribuée et qu’il a conservée depuis lors ; c’était alors une curiosité chimique, une énigme agaçante ou amusante, que l’on essayait de faire rentrer dans le cadre de la théorie régnante, mais qui n’intervenait pas dans la formation de cette théorie ! À l’époque de Jean Rey et du Père Mersenne, à l’époque de Boyle ou de Lémery, à l’époque même de Stahl et Boerhave, le chimiste qui aurait annoncé que la théorie de la calcination des métaux jouerait un rôle prépondérant dans la formation d’une nouvelle doctrine chimique, qu’elle renverserait à elle seule les opinions les mieux assises, aurait jeté ses collègues dans une stupéfaction profonde[1] !

Aussi est-ce dans les cadres de leurs conceptions habituelles que les savants développèrent avec ingéniosité toutes les ressources fournies par les théories alors admises pour résoudre ce petit problème qui piquait leur curiosité.

  1. Nous ne lui consacrons ce long paragraphe qu’en raison de l’importance que ce phénomène prit par la suite dans la théorie chimique.