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essai sur la chimie expérimentale

Voyez, par exemple, l’explication donnée par Cardan[1] et Biringuccio[2]. Ces savants, admettant les opinions courantes de leur temps, comparaient bien souvent les métaux aux êtres vivants ; si vous tuez un animal, une poule ou un bœuf, par exemple, l’être privé d’âme s’affaisse et pèse davantage contre la terre ; le « principe de vie » qui s’échappe au moment de la mort est donc un « principe de légèreté » ; pareillement si vous calcinez un métal, vous le « mortifiez » ; en même temps que l’éclat métallique disparaît, se forme une poudre d’où tout « esprit » a disparu et qui subit, plus que le métal vivant, l’action de la pesanteur.

Cette manière de voir, qui apparaît aux modernes comme un véritable enfantillage, que déjà Jean Rey refusait de réfuter, parce qu’il ne la prenait pas au sérieux, est cependant en parfaite harmonie avec la philosophie que l’on professait couramment au xvie siècle ; non pas seulement avec la cosmologie systématique du métaphysicien, mais avec la théorie que le chimiste applique constamment sans la dis cuter tant elle lui paraît naturelle… C’est dans un livre de métallurgie technique, qui ne prétend aucunement dépasser l’empirisme expérimental, que se trouve présentée, d’une manière assez obscure il est vrai, l’explication de la calcination du plomb que nous venons de résumer, et qui semble, au premier

  1. D’après Jean Rey (Hoefer et Duhem qui le tinrent probablement de la même source).
  2. Pyrotechnie.