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les doctrines chimiques en france

présenta à l’Académie des Sciences, fait saisir clairement tout l’ensemble de la question ; nous apercevons dans cet ouvrage à quel point les théories physiques et les théories chimiques sont inextricablement mêlées, et comment l’historien qui voudrait les séparer les unes des autres pour n’en considérer qu’une seule risquerait de fausser les doctrines qu’il veut exposer.

« La matière du feu. pense l’auteur, est non seulement une substance corporelle mais aussi elle est le premier et le plus puissant dissolvant des corps terrestres ; nous n’avons aucun agent qui y pénètre aussi profondément, et qui en désunisse aussi parfaitement les parties essentielles… On ne peut disconvenir qu’elle ne soit le principe véritable de la chaleur, de la lumière et même de la fluidité ou de la fusion de plusieurs corps terrestres, qui, sans le mélange et l’action de cette matière, conserveraient toujours une forme solide ; mais elle n’est pas toujours aussi abondante, ou elle ne trouve pas toujours des corps qui lui résistent assez peu, pour les mettre si facilement en fusion ; on remarque même souvent qu’au lieu de les fondre, ou de les entretenir dans la fluidité qu’elle leur avait d’abord communiquée, elle s’y engage et s’y enveloppe de manière qu’elle y demeure emprisonnée, et qu’elle n’en sort que quand une cause étrangère vient à son secours et ouvre extérieurement les cellules qui la retenaient[1]. »

  1. ADS, 1709, p. 400.