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triomphe et éparpillement des philosophies

la logique formelle, injustifiées… « Si vous n’admettez pas ainsi que moi, dit-il, de petites masses étendues, solides et d’une dureté invincible, pour principe de tous les corps sensibles, je vous défie, Monsieur, d’expliquer d’une manière intelligible la dureté constante des uns, la fluidité des autres, etc. Donnez-moi des matériaux si vous voulez que je vous fasse un bâtiment ; car sans cela, je pourrais être le meilleur architecte du monde et cependant ne pouvoir construire aucun édifice. Dire que les mouvements conspirants sont des fictions[1], dites-vous, Monsieur, c’est dire, en effet, que tout mouvement est une fiction. Mais je nie cette conséquence. Je sais bien, Monsieur, qu’il y a une infinité de corps qui ont quelque convenance entre leurs mouvements, mais je dis qu’il n’y a point de mouvement qui seul puisse causer la dureté des corps. Et certes, Monsieur, quand vous dites dans votre lettre : les parties des corps résistent à la séparation, non parce quelles ont peu de tendance à se séparer, en ce cas elles résisteraient encore si elles étaient en repos absolument, mais parce qu’elles ont un mouvement considérable qui doit être troublé par la séparation, je dois vous avouer, Monsieur, que j’ai trop peu d’esprit pour en comprendre quelque chose et encore moins ce qui suit : si les parties tendent à la séparation d’elles-mêmes elles

  1. Les phrases en italique sont extraites de la lettre de Leibniz ; elles sont assez claires pour n’avoir pas besoin de commentaires.