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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

c’est que les eaux-fortes n’ont pas de force sur le soleil[1]. À quoi je réponds que c’est à cause de la disproportion et disconvenance qu’il y a entre le dissolvant et le corps à dissoudre. Car dans l’or il y a un sel armoniac, ou esprit de sel, lequel a en soi un soufre métallique, qui ne se trouve pas dans les eaux-fortes : c’est pourquoi ce sel se mêlant à l’eau-forte la fait devenir régale. Par même raison, l’eau régale ne dissous jamais l’argent à cause qu’elle a de ce sel armoniac qui n’est pas en l’argent[2]. » L’eau régale et l’eau-forte permettent donc au chimiste de pouvoir séparer l’or et l’argent précédemment alliés ensemble ; la métaphysique permet de prévoir et d’interpréter l’expérience utile du praticien ; elle forme avec l’art un tout dont les parties sont inséparables ! La théorie de la dissolution esquissée par Davidson sur les bases que lui avait fournies la philosophie du moyen âge présente un grand intérêt, bien qu’elle n’ait pas exercé d’influence immédiate ; elle fut complètement oubliée à la fin du xviie siècle alors que toutes les réactions chimiques étaient expliquées par le combat des corps en présence, par l’intrusion violente, par exemple, des pointes acides dans la gaine des alcalis. Mais quand l’imagination se fut lassée de ces théories faciles qui donnaient une illustration mécanique de tous les phénomènes chimiques sans permettre de prévoir un

  1. C’est-à-dire l’or.
  2. Page 376.