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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

au concept de quantité. Ses opérations de laboratoire extrairont les corps simples des mixtes ; nous toucherons, sentirons, goûterons et verrons ces corps simples, et notre esprit satisfait ne songera pas même à remonter au delà de ces notions sensibles dont l’art du chimiste nous a dévoilé la claire connaissance.

Les physiciens spéculatifs, qui passent leur vie à disputer, craignant probablement de se noircir de charbon, n’ont pas travaillé par eux-mêmes ; les chimistes l’ont fait ! « Ils ont cru qu’il fallait joindre l’opération (à la contemplation) afin d’avoir un contentement entier et de trouver des fondements stables et fermes pour soutenir leurs raisonnements, ne voulant pas bâtir sur des opinions vaines, frivoles et fantastiques. Ce qui leur a fait prendre en gré les frais, la peine et le travail, et qu’ils ne sont pas rebutés par les veilles et par la mauvaise odeur[1]. » Mais Lefèvre insiste là-dessus, ces expériences ne sont pas les bases de la science chimique ; cette science est déductive, une fois que ses fondations sont posées, et ceux qui lui appliquent l’épithète grossière « d’empirique » se trompent fort.

Nous sommes pressés, maintenant que nous connaissons la méthodologie de Lefèvre, de visiter son laboratoire, d’apprendre à manier ses appareils, de faire sous sa direction les quelques expériences prin-

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