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LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

ne saurait outrepasser, puisqu’il ne peut maîtriser l’Esprit Universel.

Le plus souvent d’ailleurs qu’un corps disparaît à nos sens il s’en produit un nouveau ; l’Esprit Universel demeuré libre prend l’idée d’un autre ferment et se corporifie sous une autre forme que la précédente ; il n’y a là ni destruction, ni création, mais seulement transformation. Et « cela se fait parce que la nature n’est jamais oisive, qu’elle agit perpétuellement, et que comme c’est une essence finie, aussi ne peut-elle pas créer, non plus que détruire aucun être, à cause que ces deux choses requièrent une puissance infinie[1] ».

Mais, si comme nous venons de le dire, les différents corps simples peuvent se modifier complètement, se transformer les uns dans les autres, nous sommes amené à poser à la chimie une grave question : « À savoir si les cinq principes qui demeurent après la résolution du mixte sont naturels ou artificiels ? » Ces substances, l’expérience les a-t-elle séparées les unes des autres, ou les a-t-elle produites par transmutation en altérant le mixte qu’elle a tenté de résoudre ? Une claire vue de l’opération chimique nous rassure à ce sujet : tout ce que le chimiste fournit, ce sont des « vaisseaux propres à recevoir » les matières qui se dégagent des corps soumis à l’action du feu ; ses opérations sont de même ordre, quoique plus simples que celles qui se produisent dans la

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