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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

coup. Pour lever cette incertitude, Lefèvre conclut qu’il y a deux sortes de pesanteur : « L’une, due à l’action des principes, l’autre, à leur arrangement dans le mixte ![1] »

Si les chimistes trouvent cinq composants dans chaque mixte, les péripatéticiens n’en découvrent que quatre ; confrontons ces deux conceptions qui sont basées sur l’expérience. On brûle du bois. « La flamme représente le feu, la fumée représente l’air, l’humidité qui sort par les extrémités du bois représente l’eau, et la cendre n’est autre que la terre[2]. »

La fumée que les péripatéticiens nomment air, les chimistes la nomment mercure ; mais personne ne croit qu’elle soit véritablement de l’air ; il n’y a là qu’une dispute de mots sur laquelle il est inutile d’insister. Pour le feu, la question est un peu délicate ; les chimistes le considèrent non comme un élément mais comme un phénomène de destruction ; ce que les chimistes nomment soufre, c’est seulement le feu en puissance des péripatéticiens ; là aussi on peut arrêter la dispute. Dans les cendres, les péripatéticiens ne voient que la terre ; mais elles contiennent aussi du sel ainsi que les chimistes l’ont avec raison assuré.

Les éléments d’Aristote sont considérés par ces sectateurs à deux points de vue différents : ou ils

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