Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
LES THÉORIES CHIMIQUES AU XVIIe SIÈCLE

entrent dans la composition des mixtes, ou ce sont des grandes masses qui forment à elles seules l’univers. Nous voyons que la chimie vers le milieu du xviie siècle était reliée étroitement aux théories cosmogoniques dans lesquelles nous n’avons pas à pénétrer ; il nous faudra pourtant faire à ce sujet quelques remarques.

Le feu, dit Lefèvre, tend vers le ciel[1] ; « cette vertu ne peut être autre chose que la faculté magnétique que chaque élément possède d’attirer son semblable et de repousser son contraire ». Le feu est la matière du ciel. « Le grand nombre de diverses étoiles que nous voyons qui se promènent dans ce vaste élément ne sont rien autre chose que des matrices particulières où l’esprit universel prend une très parfaite idée avant que de se corporifier dans les matrices des autres éléments. » C’est à cette influence assez vague que Lefèvre réduit l’action des astres sur les phénomènes chimiques ; nous ne verrons dans son œuvre aucune trace de cette astrologie chimique qui avait autrefois séduit tant de chercheurs.

Les péripatéticiens et les chimistes reconnaissent l’existence de l’air ; mais les chimistes ne croient pas que l’air fasse partie du mixte ; il est pour eux la matrice de l’Esprit universel qui se corporifie dans son sein. Les péripatéticiens croient qu’il est

  1. Page 51. Cette conception n’a rien à voir avec celle d’Aristote, elle est nettement paracelsiste.