Aller au contenu

Page:Meulan - Essais de litterature et de morale.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LETTRE
D’une femme de Paris[1], retirée
à la campagne.


Je suis femme, j’ai donc été fille ; j’ai de plus été mère ; ainsi je sais ce qu’on peut apprendre & souffrir dans le cours de l’éducation qu’on reçoit, & sur-tout dans celle que l’on donne. Élevée par ma mere, chargée de mes enfans, ce que j’ai conçu d’idées sur l’éducation a dû se lier pour moi aux sentimens les plus doux & les plus tendres, & dans les différens périodes de ma vie, occuper celui où l’on cherche à s’instruire, & celui où l’on profite de ce qu’on a appris sans le chercher, souvent sans le vouloir.

Les préceptes sur l’éducation m’ont toujours paru la chose du monde la plus incertaine. L’application des principes varie si souvent, les regles sont sujettes à tant d’exceptions, qu’un traité de

  1. Cette lettre a été écrite à l’occasion d’une nouvelle édition du traité de Fénelon sur l’Éducation des Filles.