Page:Meunier - La Science et les savants en 1867.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pect qu’elle inspirait finirent par lui ouvrir la Clinique de l’hôpital Blockey de Philadelphie. Plus tard, elle fut admise à suivre les cours du Collège médical de Genève à New York. Elle subvenait à ses dépenses et aux frais de ses examens en donnant des leçons d’anglais et de musique.

C’est dans cette dernière ville qu’en 1849 mademoiselle Blackwell fut reçue docteur. Sa thèse inaugurale roulait sur les maladies des gens de mer. La Faculté trouva cette œuvre assez remarquable pour décider qu’elle serait imprimée à ses frais. L’année suivante, la doctoresse visita l’Angleterre où elle reçut l’accueil le plus distingué. Elle vint à Paris, comptant suivre nos cours si libéralement ouverts à tout le monde, les femmes exceptées. On y mit la condition inacceptable, honteuse, honteuse pour ceux qui la posaient, que mademoiselle Blackwell prendrait le costume masculin. Elle put cependant sans déguisement étudier à l’hôpital de la Maternité les maladies des femmes et des enfants.

Nous avons eu l’honneur de la revoir parmi nous en 1859. À cette époque New-York possédait depuis trois années déjà une académie de médecine, exclusivement consacrée au sexe féminin. Plusieurs femmes intelligentes et courageuses, marchant sur les traces de mademoiselle Blackwell, avaient à leur tour conquis le diplôme de docteur. Une de ses sœurs, mademoiselle Émilie, était du nombre. Mademoiselle Elisabeth Blackwell n’était donc plus seule, et elle avait un mérite inappréciable ; elle avait réussi. Aussi excita-t-elle un véritable enthousiasme, lorsqu’au mois de juin de l’année