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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/146

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cxxviii
introduction

C’est ainsi qu’il adopte, d’après la vie latine, Charles le Chauve, contre Charles Martel de la chanson :

Cilz Charles fut nommés, saichés, Charles li Chauves...
La cronique en latin ainssin me le reconte ;
Cilz qui fist le romant en fait ung autre conte
Et dist Charles Martiaux.....

(P. 6.)

Puis, ayant rappelé, pour justifier l’opinion à laquelle il se range, la succession généalogique de Charles Martel, Pépin, Charlemagne, Louis le Débonnaire et Charles le Chauve, il continue, ainsi, en en marquant de plus en plus sa défiance pour « le romant » :

Encore dit moult chouses qu’il baille pour notoires,
Que, selonc le latin, je ne trove pas voires,
Et, pour ce, au latin me vuil du tout aordre ;
Quar en pluseurs mostiers le lisent la gent d’ordre.
Cil qui ne m’en croira a Poutieres s’en voise,
A Vezelay aussi : si saura si l’on boise ;
Quar on lit au maingier, c’est chose toute certe.
Ainssi comme de sains les fais Girart et Berte.

(Pp. 6-7.)

Ces derniers vers sont intéressants en ce qu’ils nous montrent qu’encore au xive siècle la vie latine de Girart de Roussillon, véritable composition hagiographique, était lue à Pothières pendant les repas, comme un texte édifiant. On en peut conclure aussi que notre romancier était allé se renseigner dans cette abbaye ; ce qui, du reste, se déduit d’autres passages encore plus décisifs. Ainsi, p. 15, l’auteur reproduit en huit vers une épitaphe qui, dit-il, se lisait (sans doute en latin) sur la tombe de