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vii. — le roman en alexandrins

on remarque un trait emprunté à la vie latine. C’est de celle-ci (§ 134) que vient « li ruz sangolant » du roman (p. 197). Une nouvelle bataille a lieu dans laquelle « Booz d’Escarpion » est tué (p. 206). Là encore il y a un souvenir de la chanson (§ 495), mais dans l’ensemble, ce récit est original. Girart, encore une fois vainqueur, rassemble son ban et son arrière-ban à Sens. Il livre à Charles une troisième bataille « en ung lieu près de Pons que l’on appelle Sixte[1] » (p. 213), et remporte encore la victoire. Le roi s’enfuit jusqu’à Paris. Douze ou treize fois les deux adversaires se rencontrèrent, jusqu’à ce qu’enfin Dieu envoya un ange à Charles pour lui ordonner de faire la paix (p. 224). On reconnaît ici l’imitation de la vie latine (§§ 64-72), à laquelle du reste le romancier se réfère expressément (p. 222).

Il ne reste plus à conter que les dernières années de la vie de Girart et de Berte, leur mort et les miracles accomplis auprès de leur tombeau. Le romancier, suivant désormais uniquement la vie latine, raconte la naissance et la mort prématurée des deux enfants de Girart (p. 226 ; vie, § 74), la fondation de nombreux monastères (pp. 227-9 ; vie, §§ 76-83), le miracle de Vezelai (pp. 229-33 ; vie, §§ 83-91), le miracle de Pothières (pp. 234-5) ; vie, §§ 92-101) ; la tentation de Girart, épisode de la vie privée tout à fait caractéristique de la moralité du moyen âge (pp. 235-42 ; vie, §§ 150-66). Suit un plaidoyer en faveur de Girart (pp. 243-7 ; vie, §§ 222-

  1. Cf. ces vers de la p. 228 :

    Ung noble prioré que l’on appelle Siste
    Qu’est au dessoubz de Sens.....

    Pons est Pont-sur-Yonne, à une dizaine de kilomètres en aval de Sens ; Sixte est un hameau de la commune de Michery, canton de Pont-sur-Yonne. C’était un prieuré dépendant de Pothières.