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introduction

troisième opinion qui est la vraie : c’est que Madeleine, vivante ou morte, n’avait jamais quitté la Judée.

Le romancier bourguignon, qui ne se fait aucun scrupule de combiner arbitrairement les données de la vie et celles de la chanson, va chercher maintenant, dans le premier de ces deux ouvrages, le début de la guerre dont il vient de conter la fin. Il nous dit (pp. 189-190 ; vie, §§ 128 et suiv.) comment Charles avait corrompu par dons et par promesses « le chambellan de Girart », puis il se rattache au récit de la deuxième guerre de la chanson, et y prend des événements dont il n’est pas question dans la vie latine. C’est ainsi qu’il nous représente (p. 191) Girart se réfugiant à Olivant, l’Orivent ou Aurivent de la chanson de geste (§ 313), qu’il suppose avoir reçu depuis le nom de Semur[1]. Il y a quelques souvenirs lointains du même poème dans le récit de la bataille qui s’engage sous Roussillon entre Charles et Girart, et à la suite de laquelle ce dernier rentre en possession de son château[2]. De temps en temps aussi

  1. Voy. p. 154, n. 1. Je doute qu’il y ait grand fond sur des notions géographiques de ce genre. Il est vrai que beaucoup de lieux ont changé de nom pendant le cours du moyen âge, mais il est arrivé aussi que des chroniqueurs ou des écrivains à prétentions historiques ont supposé des changements purement imaginaires, soit, comme ce peut être ici le cas, pour identifier des noms inconnus, soit pour tout autre motif. On trouvera dans la chronique de Jacques d’Acqui (G. Paris, Histoire poétique de Charlemagne, p. 505) plusieurs de ces identifications de noms embarrassants avec des noms actuels. C’est de même encore que Girart d’Amiens (G. Paris, ibid., p. 479) suppose que l’ancien nom de la Normandie était Qualocane, et que Liège s’appelait jadis Aumacie.
  2. La mort de Fouchier (p. 192 ; chanson, § 396), quoique les circonstances soient très différentes ; le châtiment du traître qui avait livré Roussillon et que Fouque pend de ses propres mains (pp. 197-8 ; chanson, § 90).