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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/16

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relatives à la forme des mots n’est pas ordinairement un obstacle à l’intelligence de ces mêmes mots. Par conséquent, il est possible d’obtenir dans la traduction un degré de sûreté qu’une édition ne saurait atteindre.

Cela ne veut pas dire que je me flatte d’avoir su conduire ma traduction à un haut degré de perfection. Il s’en faut de beaucoup qu’il en soit ainsi. Aussi bien Girart de Roussillon est-il un poème où les passages obscurs abondent, abstraction faite de l’incertitude des formes. Il y a des mots qui jusqu’à présent n’ont pas été rencontrés ailleurs ; il y a des passages pour lesquels nos manuscrits, dont un seul est complet, donnent un texte évidemment corrompu. J’ai remplacé par des points les passages (ordinairement un mot ou deux) que je n’entends pas, j’ai signalé en note ceux dont le sens m’est obscur. L’attention des personnes versées dans l’étude de nos vieux textes étant par là éveillée, je n’ai aucun doute que beaucoup de ces difficultés trouveront qui les résoudra. Le travail de l’éditeur sera allégé d’autant. Et pour cette raison encore il était à désirer que la traduction précédât l’édition.

Mais ce n’est pas seulement pour les philologues que j’ai travaillé. J’ai eu aussi en vue une autre classe de lecteurs. Le poème de Girart de Roussillon est l’une des compositions épiques les plus originales que nous ait léguées le moyen-âge. J’ai cherché à montrer dans un chapitre de l’introduction ce qu’on en peut tirer pour l’histoire de la civilisation à l’époque féodale. Les gens de goût n’ont pas besoin qu’on leur en détaille les beautés. Il leur suffira de pouvoir le lire ; mais ç’a été jusqu’à présent un livre scellé dont quelques rares érudits ont seuls pu déchiffrer les pages. J’ai voulu le rendre accessi-