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vii. — jean wauquelin

terres et pays et qui le deshonora : saulve la grace de l’acteur, il me semble que ainsi faire ne se povoit, car onques Charles Martiaul ne fut roy de France, mais seulement regent... car l’istoire dit ainsi : Claruit autem idem preclarissimus vir, sicut utique historica annalium cronicarum series liquide depallat... » Ce sont les termes de la vie latine, § 3, et ce n’est pas la seule fois que ce récit est cité textuellement[1]. Le roman contre lequel s’élève Wauquelin n’est autre que la chanson de geste du xiie siècle où, en effet, le roi de France qui est en lutte avec Girart porte le nom de Charles Martel. Mais le mérite de l’observation critique faite dans le passage qu’on vient de lire doit être rendu à son véritable auteur, et cet auteur n’est nullement Wauquelin, c’est l’auteur anonyme qui composa entre 1330 et 1334, comme il a été dit plus haut, le roman de Girart de Roussillon. Wauquelin a eu visiblement sous les yeux ces vers (p. 6 de l’édition de M. Mignard) que nous avons déjà cités ci-dessus, p. cxxviii :

Cilz Charles fut nommés, saichés, Charles li Chauves...
La cronique en latin ainssin me le reconte ;
Cilz qui fist le romant en fait ung autre conte
Et dist Charles Martiaux...

Et plus loin Wauquelin dit encore : « Encoires dit ledit roman moult d’autres choses que il baille et mect pour notoires et vrayes, lesquelles, selon le latin, je ne treuve point estre certaines. Et pour ce au latin je me vueil du tout adherer[2], car, ainsi que je

  1. Il est cité de la même manière ailleurs encore, ainsi ch. cvi (cf. la vie, § 144), cxxviii (cf. la vie, § 129), cli (cf. la vie, § 69).
  2. Il y a aherdre, qui vaut mieux, dans le ms. 852.