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ii
introduction

est un remaniement pur et simple, dans lequel la forme seule de l’ancien Girart de Roussillon, dont il ne nous reste pas le moindre fragment, a été altérée ; ou si, au contraire, l’auteur de la nouvelle chanson n’a pas en certaines parties modifié profondément l’œuvre de son devancier inconnu.

Enfin, la chanson est écrite en un langage singulier, dont on chercherait vainement un second spécimen, qui tient à la fois du français et du provençal, mais a, en outre, des caractères propres. À quelle partie de la France appartient ce langage ? ou, ce qui revient au même, en quelle région a été rédigée notre chanson ?

Voilà bien des questions à résoudre, et je me suis borné à indiquer les plus importantes entre beaucoup. Tant que ces questions n’auront pas reçu leur vraie solution, il sera bien difficile de se former une juste idée de la valeur et du caractère de la chanson.

Mais d’autres questions surgissent aussitôt, celles-là heureusement, moins embarrassantes en général, quoique non exemptes de difficultés.

La chanson du xie siècle avait vite vieilli : au moyen âge, tout ouvrage en langue vulgaire, qui reste en possession de la faveur du public, a besoin d’être rajeuni ou refait tous les cent ans. Celle du xiie siècle ne tarda pas à vieillir aussi. Cependant la renommée de Girart de Roussillon était déjà trop bien établie en son pays d’origine, la Bourgogne, pour que l’histoire de ses hauts faits ne fût pas écrite de nouveau. Aussi des compositions variées par la forme, par les éléments, par l’inspiration, vinrent-elles maintenir, au xive siècle et au xve, la tradition du vieux héros épique, en la brouillant de plus en plus. Nous ne pourrons négliger ces œuvres tardives