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i. — manuscrits et langue

trouvons les deux formes : aie dans la seule tirade en aie qu’offre le poème, la tirade 72 ; ait dans la tirade 632 ; sie dans les tir. 29, 79, 431, seit dans la tir. 37, la seule en eit. — Habuit est ac au midi, et plus au nord ot. L’origine est la même, mais le procédé de dérivation est totalement différent. Ici nous trouvons d’une part ac 529, 658, et ou dans la tirade 402. Cet ou est une forme nouvelle, sensiblement plus rapprochée du fr. ot que du prov. ac, et fort comparable à lou (laudet) qui se trouve dans la même tirade.

Ces faits étant constatés, nous devons d’abord chercher à nous rendre compte des contradictions qu’ils impliquent, puis déterminer, dans la mesure du possible, tant par les mêmes faits que par tous autres caractères linguistiques, la région où a été composée la chanson renouvelée.

Et d’abord que faut-il penser des contradictions dont nous avons donné des exemples ? On ne peut, ce me semble, avoir recours qu’à trois hypothèses :

1° Les deux séries divergentes de formes, qu’on observe dans le poème émanent de deux auteurs différents. Les formes méridionales, en général les plus usuelles, appartiennent au renouveleur ; les formes que, par opposition, nous pouvons appeler septentrionales, viennent du poème primitif, qui, nous l’avons vu, avait été probablement composé en Bourgogne, et plutôt dans le nord de la Bourgogne que dans le sud, par conséquent dans un pays de langue d’oui ;

2° Ces divergences existaient dans la langue du renouveleur qui a écrit comme il parlait ;

3° Ces divergences n’existaient pas dans la langue du renouveleur qui a fait usage arbitrairement de formes empruntées à la langue d’un pays voisin.

La première hypothèse, fort séduisante à première vue, rencontre de si graves difficultés que je n’hésite pas à la rejeter. Si le poème offre de nombreuses divergences quant aux formes, il n’en présente aucune quant au style, qui est fort