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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/22

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iv
introduction

Nous n’avons aucun moyen de savoir si le comte Girart était, de son vivant, communément appelé Girart de Roussillon. Bornons-nous à dire que ce surnom, dont nous chercherons plus loin à établir l’origine, apparaît pour la première fois dans les récits poétiques.

Le comte Girart, type réel du Girart de Roussillon légendaire, est déjà un puissant personnage lorsqu’on le signale pour la première fois d’une façon certaine dans les monuments de notre histoire. Il est qualifié d’ « illustris comes et marchio, » dans un diplôme de Lothaire, daté de 853[1], où il est fait mention de lui comme ayant obtenu de cet empereur la restitution à l’Église de Lyon de certaines propriétés. Il n’est pas douteux qu’il était alors gouverneur de la partie de la Bourgogne qui appartenait à Lothaire, et dans laquelle était située la cité de Lyon. Lothaire mort, en 855, il eut la garde de son troisième fils, Charles, roi de Provence. En cette qualité il administra tout le royaume de Provence et les terres situées sur la rive gauche du Rhône qui en dépendaient. Dans un diplôme de l’an 856, il est qualifié par le roi Charles, au nom de qui l’acte est passé, de « inlustrissimus comes et parens noster ac nutritor[2] » ; dans un autre, en 862, de « inlustris comes ac magister noster[3] ». Nous savons par les Annales de Saint-Bertin que le roi de Provence, infirme et hors d’état de prendre la défense de ses états, fut plus d’une fois l’objet des entreprises de

  1. Bouquet, VIII, 389 ; cf. Longnon, Girard de Roussillon dans l’histoire, dans la Revue historique, VIII (1878), 251.
  2. Bouquet, VIII, 396 ; Cf. Terrebasse, Gerard de Roussillon (Lyon, 1856), p. xvij, et Longnon, l. l., 254.
  3. Bouquet, VIII, 401 ; cf. Vaissète, Histoire de Languedoc, I, 565 ; Longnon, l. l., 255.