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ii. — histoire de charles martel

fois le roy Charles le Chaulf de France, et comment il mendia par sept ans entiers pendant lequel temps il portoit le charbon vendre[1].

Touteffois, jasoit ce que ceste histoire puist estre ou non estre veritable, comme j’aye trouvé es croniques Martiniennes Charles Martel mis pour la guerre qu’il eut encontre monseigneur Gerard de Roncillon, duc et conte de Bourgoingne, et après ce que j’ay veu Vincent en son Miroir Historial, ouquel il racompte que ou temps de Charles Martel par Gerard de Ronssillon, duc de Bourgoingne, fut translatté le corps de la benoitte Magdalene en l’eglise de Vezelay fondée par ledit monseigneur Gerard[2] ; attendu aussi qu’en toutes les

  1. Voici la partie correspondante dans l’abrégé imprimé (début du ch. xxv, édit. Terrebasse, p. 137) : « Ces nouvelles ouyes, ilz commencerent tous par vraye devotion a regracier Dieu de ce que ainsi il les avoit visités. Et alors, a grant honneur et reverence ilz alerent descouvrir le sainct corps qui sept ans entiers geut en ce lieu et le trouverent odourant trés sonef et tout entier. Et l’evesque le leva et l’enveloppa en ung net cendal, et puis ilz le mirent en une noble chasse et riche et le mirent en ce point sur une lictiere, et le menerent a grant honneur et jubilation jusques a l’eglise de Poytiers (Poultieres, J. Mansel), dont, quant ilz approcherent du lieu, l’abbé et le clergié et tous les nobles et le peuple du pays environ vindrent a torches et a banieres en notable procession a rencontre du corps sainct et le receurent et le porterent a l’eglise en chantant graces et loenges a nostre Seigneur, et l’enterrerent en ladicte eglise de Poytiers en ung noble sarcuz moult riche et bien entaillié, au plus près de madame Berte sa femme. Quant le service divin fut acomply, chascun s’en alla en sa place en rendant graces a Dieu de l’honneur que leur eust fait et de leur donner telz intercesseurs au ciel, ayant esperance de Dieu que, par le merite de ces deulx sainctes personnes, nostre Seigneur exaulceroit leurs prieres, et que tout le pays en vauldroit mieulx. Et lors fut mis par escript toute leur vie, leur conversation et leurs faictz, et furent gardées leurs legendes en ladicte eglise de Poytiers longtemps après leurs trepas. Mais aulcuns temps après ladicte église fut arse et destruycte..... » Même leçon dans J. Mansel, ms. cité, fol. clxxj d.
  2. Vincent, Spec. hist. l. XXIII, ch. cli, reproduit le passage de Sigebert, cité plus haut (p. cxii), d’après Jacques de Guise.