Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
girart de roussillon

un traître, un trompeur, pour s’emparer de Roussillon par des moyens déloyaux.

85. Girart le comte est à pied dans un guéret : il fallait que Charles fut bon chevalier pour l’avoir abattu ; il lui eût fait pis, s’il lui était venu du secours. Là vous auriez vu tant de beaux coups, de çà et de là tant d’écus brisés, tant de vassaux blessés dont le sang s’échappe à flots ! Girart eut gain de cause ; de ceux de Charles il en resta tant sur le champ de bataille qu’il ne s’en échappa pas un millier. Le comte aura de quoi payer ses hommes.

86. Amadieu et Antelme, celui de Verdun, le comte Boson et Guillaume d’Autun, entrent dans la bataille précipitamment. Du choc des épées, ils firent jaillir du feu sans fumée, répandirent le sang..., couchèrent sur la terre tant de corps privés d’âme, dont aucun ne vint puis à la rescousse du roi Charles. Le roi eût mieux aimé être à Mont-Laon.

87. Au temps où la rose se couvre de feuilles et de fleurs[1] fut faite cette bataille sous Fierenause[2]. La mesnie de Girart du roi ne se repose point : Charles bat en retraite avec une troupe en désordre, et Girart reste maître du champ de bataille.

88. Onques vous ne vîtes un combat l’on ait si bien frappé : vous auriez vu tant de bons vassaux étendus morts, tant de têtes séparées du tronc à coup d’épée ? Le gonfanon du roi fut abattu, mis en pièces au fort de la mêlée, Arbert le comte de Troyes fut pris ; Charles a perdu mille barons faits prisonniers, sans compter les morts. Charles voit que les siens ont cessé de crier son enseigne ; il se retire au loin en arrière, sur Pui-aigu. Gace[3] et le comte Joffroi[4] sont venus

  1. Au printemps.
  2. Peiranausa, P.
  3. Gace de Dreux, qui reparaîtra plus loin.
  4. Joffroi d’Angers (cf. v. 2015). Quatre comtes d’Angers ont porté ce nom aux xe et xie siècles. « Gefreiz d’Anjou » paraît dans la Chanson