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girart de roussillon

conduisit comme un chien[1], ainsi que don Seguin son frère, lui et Fouchier.

190. Gilbert tint Senesgart et Montargon, et Seguin le comté de Besançon, et don Boson la terre[2] d’Escarpion, et Bernart le comté de Tarascon[3], et Fouque le duché de Barcelone, Aoste et Suse et Avignon : le tout venait de la terre du vieux Drogon[4], et Girart de Roussillon en était le seigneur suzerain. Mais païens et Esclavons lui en ont enlevé plus de quatre journées tout environ. Lorsqu’ils ouïrent la douleur et la rumeur de la lutte qui eut lieu à Vaubeton, où moururent comtes et barons, ils passèrent les ports [des Pyrénées] sans obstacle, et vinrent jusqu’à la Gironde tout d’une traite. Pour demander du secours sont venus quatre Gascons : deux vont à Girart et à Fouque, les autres deux en France au roi Charles. Le roi est à Paris, en son donjon, en un palais qui fut au roi Francion[5]. Là il demande conseil

  1. Gaignarz, rattaché à tort par Raynouard, Lex. rom., III, 449, à gazanh, et conséquemment entendu au sens de « pillard ». L’opinion de M. Scheler qui rattache ce mot à gaignon, mâtin, chien de garde, est au moins très probable (Bueves de Commarchis, note sur le v. 3529).
  2. Ici et plus bas je traduis onor par « terre ». C’est le terme le plus vague et, par conséquent, celui qui rend le mieux l’expression du texte.
  3. Terascon Oxf., Tarascon L., Tarasco P. Ces formes excluent Tarragone. Il ne peut être question de Tarascon-sur-Rhône qui n’a jamais été le chef-lieu d’un comté ni même d’une seigneurie, non plus que Tarascon-sur-Ariège.
  4. Il semble qu’ici le nom de Drogon ait été, par une erreur commune à nos trois mss., substituée celui d’Odilon. En effet, c’est d’Odilon leur père et non de Drogon leur oncle, que Gilbert, Séguin, Bernart et Fouque avaient dû hériter. En outre, les terres nommées ici appartiennent (sauf Barcelone dont la mention est à la vérité inexplicable) à la région des Alpes, tandis que les possessions de Drogon étaient en Espagne ; voy. §§ 99, 134, 137.
  5. Personnage fabuleux duquel, selon la légende de l’origine troyenne des Francs, ceux-ci auraient tiré leur nom ; voir Frédégaire, dans Ruinart, Gregorii Turon. opera, pp. 549, 705.