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girart de roussillon

pour toi, Girart, que je dis cela, pour toi que le roi tient pour fou. Car il t’a trouvé si faible, si mou, qu’il t’a tué ton père, et t’enlève ta terre. Qu’il te souvienne de la parole que dit mon grand-père, quand il tua Elmon le fils de Turol[1]. Laisse-moi pendre ce messager... ou lui donner de mon épée par le cou, et tenez-moi pour mauvais si je ne lui enlève pas la tête. — Vous parlez toujours en fou, » dit Pierre.

281. « Ce que vous dites, » dit Pierre, « je ne veux pas y faire attention[2], car vous parlez comme un enfant. Vos conseils sont par trop d’un jeune homme. Un chevalier accompli doit être plein de sens ; il ne doit pas faire service à son seigneur lige de paroles vaines[3]. Vous n’êtes pas si haut que mon seigneur[4] ne puisse, s’il le veut, vous faire descendre bien bas. Vous ne m’entendrez plus, désormais, disputer avec vous. « 

282. De l’autre part, se tenait le vicomte Seguin, qui parla à Pierre en homme sage : « Pierre, vous...[5] Onques chevalier ni messager que le roi nous ait envoyé ne nous dit rien de tel. Ce sera grande merveille si tu t’échappes vivant. Et, si tu y réussis, prends bien garde à toi ! L’été ne sera pas fini que nous serons à Orléans ou à Paris ; et nous bloquerons la porte pendant trois jours, jusqu’à ce que nous ayons saccagé les vergers, comblé les sources

    n’a plus mal aux dents (c’est-à-dire quand on n’a plus de dents), on est bien près de devenir chauve. L’idée serait que Girart se montre faible, sans énergie. C’est très conjectural.

  1. Allusion à un récit inconnu. Elmon Oxf. et L., Raimon dans P. J’ai traduit maiol par « mon grand père », mais ce peut être un nom propre.
  2. Sai ben entendre P. (v. 3741) est assez plat ; ne quen sendre Oxf., n’a ni sens ni mesure ; L. n’a pas ce vers ; je corrige ne quer entendre.
  3. D’après P. La leçon d’Oxf. et de L. me paraît corrompue.
  4. Le roi.
  5. Oxf. molt vos il faz ere do bis ; les derniers mots, pour moi inexplicables, sont confirmés par P. (v. 3751) molt i fazetz era do bis.