422. Une fois dans l’intérieur, les brigands se livrent au pillage et au rapt ; ils ne laissent coupe d’or ni bon henap, ni paile ni étoffe rouée[1]. Le duc Milon prit le portier à part sous un sapin : « Tous tes parents furent traîtres, » lui dit-il, et il lui tranche la tête, en disant : « Corrigez-vous de ce vilain défaut ! »
423. À minuit, avant l’heure où chante le coq, fut livré le fort château de Roussillon. Les écuyers vont fouillant cryptes et cachettes ; il ne reste croix ni châsse robe, ni froc, ni bon paile roué ni drap vieux ou neuf. Ils mirent le feu au bourg couvert en roseaux. Des lardiers et des greniers à blé la flamme s’élève jaune et bleuâtre (?) ; la charpente des clochers brûle et les cloches tombent[2]. Le puissant comte Boson était couché en son hôtel ; il fit fermer sur lui les portes, et s’arma à l’intérieur avec cent des siens. Quand il fut en selle sur son bon cheval, il ne refuse le combat avec personne. Onques ne fut chevalier plus solidement bâti.
424. Le feu, le vent, la clameur produisent un tel vacarme que jamais on n’ouït pareil. Écuyers et sergents, race vile et rapace, ne laissent à piller ni autel ni crypte. Don Boson va les frapper dans le tas. Qui il atteint est un homme
- ↑ Étoffe ornée de dessins en forme de roue ; voy. le vocab. de Daurel et Beton, sous rodat.
- ↑ Cf. ces vers de Raoul de Cambrai dans le récit de l’incendie d’Origni :
Ardent les sales ; si fondent li planchier,
Li vin espandent, s’en flotent li celier :
Li bacon ardent, si chieent li lardier,
Li sains fait le grant feu engreignier :
Fiert soi es tors et el maistre cloichier ;
Les covertures covint jus trebuchier.
Entre deus murs ot si grant charbonier,
Itant com puet uns hom d’un arc gitier,
Ne puet nus hom vers le feu aprochier.
lequel voy. plus loin, p. 221, n. 1 ? C’est en tout cas, un des hommes, de Charles, bien qu’on le voie, au § suivant, châtier la trahison du portier.