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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/46

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xxviii
introduction

zelai, où les parents de Berte sont appelés Hugo et Bava[1].

Une légende apocryphe, absurde même en toute sa teneur, qui est citée parfois sous le titre de « légende de saint Badilon[2] », raconte qu’en l’an 749, sous le règne de Louis le Pieux et de son fils Charles (!), le comte Girart, seigneur de la Bourgogne, envoya un certain Badilon en Provence, alors occupée et ravagée par les Sarrazins, avec mission d’en rapporter le corps de sainte Marie-Madeleine. Badilon réussit à enlever subrepticement le corps saint, qui fut placé dans l’abbaye de Vezelai. Les Bollandistes, qui se sont donné la peine de démontrer laborieusement la fausseté de ce récit, supposent qu’il a été composé après 1265. Il leur a échappé, ainsi qu’à d’autres qui sont venus après eux, qu’on en possède des manuscrits du xiie siècle[3]. En réalité, c’est une fa-

  1. M. Longnon, l. l., trouve cette supposition peu vraisemblable. Il lui semble que si l’auteur de la Vie avait emprunté à la charte de fondation le nom du père de Berte, il lui aurait emprunté aussi le nom du père de Girart, qui, d’après cette charte, est Leuthard et non pas Drogon. Cette observation n’est pas sans valeur. Je ferai toutefois remarquer que les hagiographes du moyen âge se piquaient peu de logique. Il est fort probable que le père de Berte n’était pas mentionné dans l’ancienne chanson. Il est vrai que, d’après le début de la chanson renouvelée, Berte est fille de l’empereur de Constantinople, mais nous verrons plus loin que ce début est l’œuvre du renouveleur. Le moine de Pothières, auteur de la légende, a très bien pu s’en tenir aux données du vieux poème en ce qui concerne le père de Girart, et recourir à la charte pour le père de Berte qu’il ne trouvait pas nommé ailleurs.
  2. Elle est ainsi désignée par Jacques de Guise ; voir ci-après, ch. VI.
  3. Voir ce que je dis, à ce sujet, dans la Romania, VII, 232-5. — Il me paraît très probable que la mention faite par Sigebert de Gembloux (A. D. 746) de la translation à Vezelai du corps de Marie-Madeleine, n’a pas d’autre source que la légende de saint Badilon. De Sigebert cette mention est passée dans de nombreuses chroniques.