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girart de roussillon

ront pas la Saint-Denis que la misère leur fera paraître le temps long ! » Charles quitte Roussillon pour se rendre à Paris, et Girart fit comme il avait dit.

433. Ce fut à l’issue du temps de Pâques, à l’entrée de mai. Charles était à Paris, en son palais : il avait convoqué sa cour et tenait ses plaids. Ses barons l’interrogent et il leur expose l’état de ses affaires. « Je leur ai pris Roussillon, qui m’a été rendu par trahison. Lundi a été pour moi un jour heureux, un mauvais jour pour Girart. Je connais les embûches (?) du comte : désormais son orgueil est abaissé.

434. — Maintenant Français et Bourguignons savent que Girart est coupable de la trahison dont est mort Thierri, qu’il a incité Fouchier et Boson à la commettre[1]. Je lui en rends de mon mieux la récompense. Il a perdu Roussillon et Avignon. Les Goths[2] et les Gascons l’ont abandonné. Si je vis et si mes hommes me restent fidèles, je ne lui laisserai de terre la longueur d’un bâton. » Le roi, en parlant ainsi, se sentait plein de joie.

435. « La trahison de Girart est débattue à nouveau. Il ne peut s’en défendre, quand on l’en accuse. Nous avons pour cela combattu en champ de bataille sous Mont-Amele : je l’ai chassé du champ, lui et les siens[3]. Je l’ai

  1. Le roi semble considérer la défaite de Girart comme un jugement de Dieu.
  2. « Les Limousins » P. (v. 5650), mauvaise leçon qui fausse le vers. — Les Goths sont ici probablement les mêmes que les Bigots mentionnés aux §§ 115 et 149, Gothi, à une époque où les anciens Goths étaient fondus dans la population romane, désignait les habitants de ce qui fut plus tard le Languedoc. Un texte cité par Du Cange (s. v. Goti) les place « in provincia Montis Pessulani ». Au temps de la première croisade, on les distingue des Auvergnats et des Gascons (Raimon d’Aiguille, ch. v ; Fouchier de Chartres, vi, dans les Histor. occid. des Croisades, III, 244 d et 327 e).
  3. Voy. §§ 320-345.