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girart de roussillon

ensuite rencontré à Civaux, près Bordeaux[1]. Là Girart a mal placé son mereau[2].

436. « Nous avons combattu en champ de bataille à Civaux, là Girart a perdu Fouchier, son maréchal[3]. Là je prouvai sa félonie et sa déloyauté. Ce jour-là il apprécia ses éperons et son cheval. » À ce moment lui arriva un messager : « Sire, à Roussillon on est logé à mauvaise enseigne ; dès le premier mois, le sénéchal manque de tout.

437. « Sire, Roussillon a de mauvais voisins : Girart a son cousin à Senesgart, qui bloque l’entrée et intercepte les chemins. Il ne peut entrer ni marchand ni paysan. Le pain, le vin, l’avoine, leur manquent. — Je ne veux pas, » répond Charles, « être ainsi abaissé. » Il descendit et monta à cheval au bas de l’escalier de marbre. Avec lui partirent Garin d’Escarabele[4], Gace le vicomte de Dreux et Baudouin[5]. Le roi ne s’arrêta pas jusqu’à Orléans ; là il demande conseil à ses amis.

438. Charles prend conseil avec ses fidèles : il munira Roussillon de toutes parts ; grand sera l’avoir qui y sera mené. Belfadieu le juif[6] fut appelé. En cela le roi fit un grand péché, car Dieu n’aime pas les Juifs ni leur compagnie. Partant Charles fut abaissé, vaincu en bataille et poursuivi, ainsi que vous allez l’entendre.

439. En la cité d’Orléans, il y avait un juif qui était fils de Benjamin, fils d’Abel, qui donnait chaque année à Fouque, pour son fief[7], quinze muids de froment...., autant de vin,

  1. Voy. p. 189, n. 3.
  2. C’est-à-dire « mal joué », allusion au jeu de marelle ; cf. Bodel, Saxons, I, 177 : Cele nuit ont en Rune mestraite la marele.
  3. Voy. § 396.
  4. Déjà mentionné au § 230.
  5. Bauduoin le Flamand, voy. §§ 155 et 160.
  6. Voy. p. 53, n. 3.
  7. On a vu, §§ 105, 106, 113, que Belfadieu appartenait à Fouque.