trois cerfs de saison à la Saint-Mathieu[1], quinze vaches grasses à la Saint-André[2]. Il assista au conseil dans la chambre du roi, et, une fois dehors, il écrivit une lettre en hébreu et l’envoya à Fouque par un courrier : « Qu’il fasse savoir au comte Girart que Charles et les siens vont ravitailler Roussillon. Ce sera pour la Saint-Remi : ils seront quinze mille, tant à pied qu’à cheval. » Fouque, apprenant cette nouvelle, loua Dieu : « Je tiendrai encore l’étrier au roi Charles mon seigneur[3] ! »
440. Fouque va conter la nouvelle au comte Girart qui mande aussitôt Boson, Berart, Gautier, le vieillard de Mont-Escart[4]. Boson lui amène une troupe vaillante : mille chevaliers le heaume en tête, tous ses hommes. Le messager est parti à temps pour que Charles ne puisse s’en retourner sans grand danger.
441. Girart a donné ses ordres au messager : il a mandé tous ses hommes à la fois. Partout où il a de bons amis, il les envoie chercher. Il en eut quatre mille avant de se mettre en marche. Avant l’aube du jour, il les a embusqués en un bois fermé[5]. Le roi, cependant, part pour ravitailler Roussillon. En tête vont les chars conduits par les bourgeois[6]. Le roi suivait avec ses marquis, quand Girart leur apparut, sortant d’un bois épais. Le roi vit alors qu’il était trahi.
- ↑ 21 septembre.
- ↑ 30 novembre.
- ↑ Tenir l’étrier à quelqu’un, c’est faire envers lui acte d’humilité, c’est en quelque sorte un hommage ; voy. Du Cange, strepa. Fouque veut dire (si le texte est correct, car Oxf. et P. ne s’accordent pas) qu’il espère, à la suite du succès qu’il prévoit, réussir à faire sa paix avec le roi. Telle est, en effet, l’intention qu’il exprimera plus loin. § 457.
- ↑ De Mont-Esgart, selon P. (v. 5704). Nous avons vu, au § 230, un Gui de Mont-Ascart qui paraît avoir été l’un des hommes de Charles.
- ↑ Entouré de palissades ou de fossés.
- ↑ Bourgeois pour la rime ; ordinairement on réquisitionnait des vilains pour accompagner les convois.