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girart de roussillon

496. Girart s’en va tout seul ; ses bons parents sont restés sur le champ de bataille. La douleur qu’il a au cœur se répand dans tout son être, et souvent il s’évanouit sur le cou de son cheval. Au point du jour, il arriva à Besançon.

Cependant Charles descend sur le pré, sous Roussillon. Maint riche prisonnier lui fut présenté. Il appela Artaut[1], et lui dit doucement : « Tu es vicomte de Dijon ; va, rends-le moi : je te donnerai tant d’or et d’argent que tous ceux de tes amis qui sont pauvres deviendront riches ; et, si je n’en suis pas en possession sur le champ, que je sois un lâche si je ne te pends ! — Il me faut accomplir votre volonté, » dit Artaut. Hugues d’Orivent[2] prit la parole : « Seigneur, prenez-en des otages, sans délai. » Et le roi en prit de bons et leur fit prêter serment. Artaut monte aussitôt à cheval et s’en va au galop, suivi de cinq cents des bourgeois de Dijon à qui le roi rendit la liberté par la même convention. Charles chevaucha après eux, et ils lui rendirent sans délai le château. Entre ceux qui entrèrent les premiers à Dijon se trouvait un damoiseau, parent de Girart. Il demanda la comtesse et se mit à sa recherche. Il la trouva en oraison dans un moutier, priant Dieu le tout puissant de protéger Girart et les siens. Le bon damoiseau la prend par le bras : « Comtesse, sortez d’ici, et bien vite : ce château est rendu ; le roi le prend. Vos partisans ont été vaincus en bataille ; Girart a pu s’échapper je ne sais comment ; hier soir il s’est enfui à Besançon. » Quand la dame l’entend, elle tombe évanouie.

497. La dame s’évanouit sur le marbre noir. Voici qu’en-

  1. L’un des prisonniers ; p.-ê. le personnage du même nom que nous avons déjà vu paraître entre les hommes de Girart (§§ 22, 133), mais c’est la première fois qu’il est fait mention de la qualité de vicomte de Dijon qui va lui être attribuée.
  2. Mairevent, dans Oxf., forme assez peu vraisemblable ; Orien P. (v. 6346), que j’identifie avec l’Orien ou Orivent du § 313 ; voy. p. 154, n. 1.