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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/49

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iii. l’ancienne et la nouvelle chanson

font aucune mention d’un château appelé Roussillon [1] et situé sur le mont Laçois. Quoiqu’il en soit, s’il est vraisemblable que l’idée de placer ainsi Roussillon vient plus ou moins directement de la vieille chanson, il me paraît infiniment douteux que le récit de la prise de cette ville par les Vandales ait la même origine[2]. Ce récit, en effet, est totalement étranger à l’histoire de Girart. C’est une digression d’histoire ancienne, qui n’a pas de quoi étonner chez un écrivain ecclésiastique, tandis qu’elle serait bien surprenante dans une chanson de geste du xie siècle. D’ailleurs, si on n’a pas trouvé jusqu’à présent la source même où l’hagiographe a puisé (à supposer qu’il ne l’ait pas inventé) l’épisode qu’il a jugé à propos d’introduire dans la vie de son héros, il ne faut pas oublier que les ravages exercés par les Vandales dans la Bourgogne sont fréquemment rappelés dans les vies des saints de cette région[3]. L’auteur de la vie de Girart de Roussillon était visiblement familier avec cette littérature. C’est de là, très vraisemblablement, qu’il se sera inspiré. Le procédé même que les assiégés emploient pour faire croire qu’ils ont abondance de vivres, alors qu’ils sont sur le point d’être affamés, n’est d’ailleurs rien de plus qu’un lieu

    qui paraissent appartenir à l’époque gallo-romaine et qui, par conséquent, viendraient de l’ancien Latisco.

  1. M. d’Arbois de Jubainville qui, dans sa notice sur le Laçois (Bibl. de l’Éc. des Ch. 4e série, IV, 349), a cité un assez grand nombre de lieux ayant fait partie de ce pagus, n’a rencontré aucun texte sur Roussillon. À la vérité, un itinéraire de Londres à Jérusalem conservé dans un ms. de la chronique de Mathieu de Paris, place Roussillon à l’endroit assigné par l’hagiographe de Pothières, mais il n’est pas antérieur au xiiie siècle ; voy. Romania, VII, 174. — M. Longnon considère aussi comme fabuleuse l’existence du château de Roussillon, l. l., p. 272, n. 5.
  2. M. Longnon est d’un avis contraire, l. l., p. 272.
  3. Voir, par ex., la vie de saint Didier de Langres dans les Bollan-