tre Girart et le roi. À Roussillon, où elle est, elle te donnera à moi, si tu vas la trouver. Mais, avant de sortir d’ici, tu me jureras par saint Gervais de me prendre pour femme. — Je te le promets, damoiselle, et je t’en donne ma foi avec un baiser. » À ce moment, arrive Bertran, montant les escaliers, avec lui cent chevaliers de sa mesnie, et Fouque, en les voyant, fut plus heureux qu’il n’avait jamais été en sa vie.
572. Bertran demanda : « Est-ce qu’il y a querelle entre vous ? — [Non, » dit Fouque, tranquillement[1]], « mais elle me demande un serment. — Sire, si elle en demande un, fais-lui-en cent. » Elle entra dans sa chapelle, en prit les reliques, et, sur un évangéliaire à la reliure d’or resplendissant, il lui a juré tout ce qu’elle a voulu. Elle embrassa Bertran et dit en riant : « Je vais prendre mari bien pauvrement ; je ne porte avec moi ni or, ni argent, ni paile, ni velours, ni pourpre, ni ornement. » Et Bertran répond courtoisement : « Mais vous apportez votre grande beauté, votre personne gracieuse ; et c’est donner un grand trésor que de rendre Fouque. Maintenant partons vite ; pas de lenteurs. Un message est venu en hâte m’annoncer que tous tes parents chevauchent pour te nuire. » Alors damoiselles et sergents se mirent à pleurer. « Et nous, que ferons-nous, chétifs, malheureux ? » Fouque, quand il les entendit, fut saisi de pitié : « Je vous octroie, » dit-il, « ce château en chasement[2], et, si vous le perdez, je vous en rendrai un meilleur. Venez à moi tous avec confiance, car je ne vous abandonnerai pas, tant que je vive. » Bertran prend Aupais par le bras, la fait descendre et la met en selle sur un cheval amblant, bon coursier. Puis il prit Cabauchan[3] par le frein,