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girart de roussillon

et l’offrit à Fouque, en disant : « De la part de Girart le duc, je vous présente ce cheval, le meilleur, le plus rapide que j’aie jamais vu. » Fouque saute en selle sans toucher à l’étrier, et les assistants se disent : « Voilà un homme qui a eu des geôliers à sa convenance ; ses membres ne se sont pas raidis dans la prison. »

573. Cabauchan était un cheval gris de fer et bai, moitié arabe et moitié mauresque (?). Il n’y a si bon cheval de Rome à Aix, et le cavalier est si bon, qu’il ne lui manque aucune qualité. Le matin était clair et beau, c’était en mai ; les oiseaux chantaient, Fouque vit Aupais, il n’avait plus de soucis ; d’allégresse et de joie, il prit un temps de galop. « Je vois trois gonfanons, » dit Bertelais. « Vite, francs chevaliers, en avant ! » Fouque dit à Bertran : « Qu’en dis-tu ? — Nous avons » [répond Bertran] « [cent[1]] chevaliers pour soutenir la lutte ; vous ne vîtes meilleurs pour l’attaque, et il y en a autant d’embusqués dans le bois de Clais, et dix mille piétons[2] et plus, je crois ; le passage est dur et le bois est grand ; s’ils y passent après nous, c’est pour nous une bonne affaire, et, pour eux, s’il plaît à Dieu, dépit et affliction. »

574. Contre les trois chevaliers ils en envoyèrent sept, qui, ayant l’avantage du nombre, leur enlevèrent leur position. De là ils virent le reste de la troupe [ennemie] s’armer dans le bois épais. Ils galopèrent vers Fouque et lui dirent : « Ils sont deux fois plus nombreux que nous, à ce qu’il semble. » Bertran dit à Fouque : « Partez tout d’abord, et menez la damoiselle jusqu’au bois[3] ; parlez à ceux de

    § 580 L. a balcan ; aux §§ 572 et 573 la leçon est incertaine par suite d’une déchirure dans le parchemin.

  1. Je rétablis ce chiffre, qui manque dans les mss., d’après le § 571. Cette restitution (s’avenz [cent] ch.) est nécessitée par ce qui suit. On ne pourrait pas dire « il y en a autant d’embusqués », si on n’avait d’abord spécifié un chiffre.
  2. Ceux qui ont déjà été mentionnés plus haut, § 565.
  3. Où étaient stationnées les troupes rassemblées par la reine ; voy. § 566.