ses dix charges d’or, et les autres[1] donneront autant ou plus ». Girart, de la joie qu’il eut, devint tout riant : « Tu es fils de Fouchier[2], neveu d’Estais[3]. Fouchier était mon cousin germain, tu tiens de lui. Et moi, que je sois tenu pour lâche, si, pour crainte de guerre, je renonce à tout cet avoir ! » Peu s’en fallut que la reine s’irritât : « Nous avons eu la guerre, mais maintenant c’est la paix qu’il nous faut, ou sinon je ne reverrai plus jamais Paris ni Aix.
587. — Votre idée ne vaut rien, » dit Fouque[4]. « Ce serait mettre Madame en une si fausse situation qu’il ne resterait ici comte ni comtor, ni chevalier de prix, ni vavasseur. » Et Girart répondit, plein de douceur : « Puissé-je perdre le sens et les forces le jour où je tiendrai contre elle château ni tour ! » Bertran dit : « Le meilleur avis[5], sauf l’approbation de Madame et la vôtre, c’est que vous ayez de bonnes et solides garanties[6]. Si les nôtres et eux peuvent arriver à un accord et faire la paix avec le roi empereur, dès lors il n’est plus besoin d’otages. Et si la paix ne peut être faite, nommez le jour où ils[7] devront retourner en prison dans cette tour. »
588. La reine dit : « Bertran, vous dites bien. Et si on ne fait pas la paix, au moins conclura-t-on une longue trêve[8]. Grand amour peut croître en sept ans....[9]. Ma
- ↑ Tous ensemble.
- ↑ Cf. § 566.
- ↑ Au § 123, c’est Fouchier qui est neveu ou fils, selon les mss., d’Estais.
- ↑ S’adressant à Girart.
- ↑ Littéralement « la fleur », comme au § 224.
- ↑ À l’égard des prisonniers.
- ↑ Ceux qui actuellement sont prisonniers.
- ↑ Le texte est fort elliptique, mais le sens n’est pas douteux : les prévisions de la reine se réaliseront, voy. § 607.
- ↑ Ici, dans Oxf. seul, un vers que je n’entends pas : Quel charais e defais qui moc desanz.