sœur, s’il plaît à Dieu, aura des enfants. Vous[1] saisirez la grande terre qui vous est réservée[2], vous regagnerez Bourguignons et Allemands. Fouque, de son côté, ne sera pas privé de sa terre ; mon fils sera un chevalier vaillant et estimé, et fera, s’il plaît à Dieu, ce que je désirerai. — Et nous, » reprend Fouque, « nous ferons ce qu’il commandera. Il sera empereur de Rome[3], et dès lors personne ne lui fera opposition. » Il en fut par suite comme il dit. « Seigneurs, allez manger, » vient-on dire de la part des cuisiniers et du maître échanson,
589. Le lendemain, dans le moutier furent mandés les prisonniers, les chevaliers, les bourgeois. Girart fit de Bertran son porte-parole : « Le duc[4] est bien moins désireux d’argent que de l’amour de son seigneur. Il vous demande, à vous qui êtes ses fidèles et ses conseillers[5], de rétablir la paix, entre lui et l’empereur. De rançon, il ne vous réclame pas un denier. Il consent à vous rendre la liberté sous la garantie de la reine jusqu’au moment où Fouque aura pris sa femme. Le duc a bon et droit conseil, et n’a envers vous aucun mauvais sentiment. »
590. Ce fut pendant la nuit que ces pourparlers eurent lieu. Le lendemain la reine prit par la main Aupais, et, s’adressant à Oudin, cousin germain de celle ci, elle lui dit : « Va ! donne ta cousine à ce jeune homme[6]. — Je ne me mêle pas de cela, » dit-il. « Je ne suis pour rien dans cette affaire depuis le commencement jusqu’à la fin. Il y a longtemps qu’elle a fait de lui son châtelain, et qu’il lui a
- ↑ Il faut supposer qu’ici la reine s’adresse à Girart.
- ↑ Sans doute le douaire de Berte dont il a été question plus haut, §§ 553 et 562.
- ↑ Voy. p. 2, n. 3.
- ↑ Bertran s’adresse aux prisonniers.
- ↑ Les fidèles et les conseillers de son seigneur Charles.
- ↑ Ce qui a été dit plus haut, p. 260, n. 1, de la jeunesse de la reine peut s’appliquer également à la jeunesse de Fouque.