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introduction

ges pour leur dévouement à leur seigneur. Ils pleurent de joie en apprenant que Girart est revenu de l’exil ; ils lui apportent leur concours dans la lutte qu’il est obligé de soutenir pour reconquérir son héritage. Mais il est visible qu’on n’a pas une confiance illimitée dans la solidité de ces milices citoyennes. On a soin de ne les engager qu’en seconde ligne et par grandes masses, et, avant de les conduire à l’ennemi, on relève leur moral par de flatteuses exhortations (§§ 574-7). — Quant aux vilains, l’auteur n’a guère occasion d’en parler. Il a soin de nous dire toutefois que le traître par qui Roussillon fut livré à Charles était un vilain de naissance, et, à cette occasion, il se récrie sur le danger qu’il y a à faire d’un vilain un chevalier. C’est là, comme je l’ai indiqué dans une note[1], un sentiment en quelque sorte traditionnel au moyen âge.


La guerre. — L’art de la guerre n’a point échappé à la décadence qui frappa tous les arts à la chute de l’empire romain, décadence causée par la rupture de la tradition et l’affaissement intellectuel qui furent les suites de l’établissement des Barbares sur le sol de l’empire. Mais, en ce qui concerne l’art de la guerre, il y eut une cause particulière, qui consiste dans le changement des conditions du service militaire. Au moyen âge, chaque seigneur a le commandement des hommes qui lui doivent le service militaire. L’étendue de ce commandement est donc proportionnée au rang du chef et nullement à ses talents pour la guerre. D’autre part, il n’y a plus de troupes régulières ; le nombre des hommes qui, par profession, se

  1. P. 28, n. 2.