Page:Meyerson - Identité et réalité, 1908.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

AVANT-PROPOS


Le présent ouvrage appartient, par sa méthode, au domaine de la philosophie des sciences ou épistémologie, suivant un terme suffisamment approprié et qui tend à devenir courant. Cependant nous avons été guidé, dans nos recherches, par certaines conceptions préconçues et étrangères à ce domaine.

La plus importante est celle qui se trouve contenue dans la phrase de Helmholtz que nous avons placée en tête de notre travail. Le contexte précise ce que ce passage pourrait, à première vue, paraître contenir de général et d’indéterminé. Le grand physicien a voulu dire que les processus psychiques inconscients qui accompagnent indissolublement la perception visuelle sont identiques à ceux de la pensée consciente. Tous ceux qui ont parcouru l’Optique physiologique savent que ce n’est pas là une remarque faite en passant, mais une des idées fondamentales de cette œuvre admirable. Il nous a paru que l’on pouvait étendre considérablement l’application de ce principe, que non seulement la vision, mais la perception du monde extérieur en général, devait mettre en œuvre des processus dont la nature se révélerait, au moins en partie, si l’on scrutait ceux à l’aide desquels la pensée consciente transforme cette image. En d’autres termes, nous croyons que pour résoudre des problèmes concernant le sens commun, la voie la meilleure consiste à examiner les méthodes suivies par la science. En agissant ainsi, on semble aller à l’encontre de