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LA TENDANCE APRIORIQUE ET L'EXPERIENCE

Il est certain que l'esprit du relativiste (c'est une constatation que nous avons pu faire personnellement, au cours d'un entretien avec un des mathématiciens les plus éminents de notre époque) est, tout d'abord, violemment choqué quand on cherche à lui démontrer l'étroite analogie qu'il y a entre le système moderne et celui de Descartes, analogie évidente pour quiconque considère comment, dans l'un et l'autre cas tout le réel est réduit à l'espace; nous avons vu d'ailleurs M. Weyl reconnaître, jusqu'à un certain point, la parenté des deux conceptions. La résistance dont nous venons de parler est-elle cependant entièrement injustifiée? En aucune façon. Elle provient, en effet, de ce que le relativiste a conscience des obstacles formidables que la théorie a dû vaincre, de la hardiesse véritablement inouïe qu'il a fallu à M. Einstein pour concevoir cette idée paradoxale d'une assimilation entre l'inertie et la gravitation, des trésors d'ingéniosité qu'a dû employer son génie mathématique pour, se basant sur l'acquis accumulé par quelques-uns d'entre les mathématiciens les plus illustres qui l'avaient précédé, parvenir à réaliser, à l'aide d'artifices d'analyse, cette assimilation, et quelle somme prodigieuse d'efforts les physiciens du XIXème siècle ont dû mettre en oeuvre pour unifier ce que l'on appelait autrefois les diverses forces de la nature, en permettant