Page:Meyerson - La déduction relativiste, 1923.djvu/280

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ainsi à MM.Weyl et Eddington de tenter, par la réduction spatiale du phénomène électrique, une déduction géométrique du réel physique tout entier. Comment Descartes qui, quel que fût son génie mathématique propre, ne disposait que des ressources d'une analyse véritablement élémentaire, pouvait-il prétendre à arriver à un résultat analogue (2)? N'est-il pas probable plutôt qu'il s'enorgueillissait d'un acquis chimérique, qu'il était, pour tout dire, victime d'une illusion pure et simple?

1. Ces pages forment le XXIIème chapitre d'un ouvrage intitulé La déduction relativiste, à paraître prochainement (Payot, éditeur).

2. Leibniz a caractérisé avec beaucoup de justesse ce trait dominant de la tentative de Descartes en disant que ce dernier avait prétendu e d'un bond obtenir l'explication des questions les plus importantes "De primae philosophiae emenendatione", etc., Opera, éd. Erdmann, Berlin, 1840, p. 227.

Pour répondre, il convient de constater, tout d'abord, que, s'il y eut illusion, celle-ci fut donc singulièrement forte et durable, puisque non seulement le puissant esprit de Descartes lui-même y fut totalement en proie, mais qu'encore pendant plus d'une génération, jusqu'aux grands travaux de Newton, l'opinion savante européenne, sans aucune réserve, l'avait adoptée (1) et qu'en dépit de la brillante réussite des conceptions newtoniennes dans le domaine des explications, physiques et surtout astronomiques, celles-ci ne triomphèrent que difficilement et surtout lentement du système établi par son prédécesseur. Cette circonstance extérieure seule ferait soupçonner qu'il y avait là quelque chose de plus profond et de plus essentiel. Les principes sur lesquels nous nous sommes fondé dans nos analyses des phénomènes de