Page:Meyerson - La déduction relativiste, 1923.djvu/285

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qualitatif, à le remplacer par du quantitatif. Mais ici, le premier se présente comme à tel point essentiel, comme si profondément ancré dans ce que nous concevons devoir constituer l'être même de la substance, que cette substitution apparaît, du premier coup d'oeil, comme bien plus difficile qu'ailleurs.

Et c'est ce sentiment, la nécessité de supposer, du moins provisoirement, l'existence de substances qualitativement diverses, qui caractérise les phénomènes que nous classons comme chimiques, qui nous induit à les séparer du reste des phénomènes physiques.

Cette situation est marquée, avec beaucoup de netteté, par le fait que toutes les constatations qui concernent les diverses substances chimiques, mais où leur diversité (ou spécificité) ne joue point un rôle prépondérant et où, par conséquent, apparaît un lien entre ces substances, sont classées dans une science en quelque sorte intermédiaire, dénommée chimie physique.

Aussi constate-t-on qu'en chimie les conceptions qualitatives prédominent. L'élément chimique est à l'origine, c'est-à-dire au moment où cette science se dégage des recettes semi-magiques qui ont été son berceau, surtout un porteur de qualités, et le chimiste ne tient compte, tout d'abord, que de celles-ci, négligeant complètement ou, du moins, tenant pour tout à fait secondaire, ce qui a trait à la quantité. Très logiquement, les alchimistes tentent de modifier, à l'aide d'opérations de toute sorte, les qualités des corps qui ne paraissent point, à première vue, particulièrement marquées, par exemple de transformer un métal ordinaire, tel que le fer ou le cuivre, en argent ou en or tentatives qui caractérisent précisément cette phase ancienne de la science chimique. Mais