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sertations sur la troisième comédie de Térence, intitulée : Heautontimorumenos, contre les erreurs de M. Gilles Ménage, avocat au parlement, Paris, 1656, in-4º. Elle contient la brochure publiée seize ans auparavant, sous le titre de Térence justifié, à l’occasion d’une conversation entre Ménage et d’Aubignac, Ce dernier, qui avait donné quelques conseils à P. Corneille, le vantait partout, et en fit l’éloge dans sa Pratique du Théâtre. Irrité de voir que, dans l’examen de ses tragédies, P. Corneille ne faisait nulle mention de lui, d’Aubignac se déchaîna contre ce grand homme, et, saisissant toutes les occasions de l’attaquer, il fit imprimer deux Dissertations concernant le poëme dramatique, en forme de remarques sur les deux tragédies de Corneille, intitulées : Sophonisbe et Sertorius, Paris, 1663, in-12. Corneille, alarmé, s’en plaignit hautement, et voulut faire arrêter l’impression ; n’ayant pu en venir à bout, il engagea un de ses amis à publier les Défenses de la Sophonisbe et du Sertorius. L’abbé d’Aubignac y répliqua par ses Troisième et quatrième Dissertations concernant la tragédie de M. Corneille, intitulée : Œdipe, et Réponse à ses calomnies, 1663 . in-12. Quoique l’abbé d’Aubignac réponde directement à Corneille, il ne faut pas croire que celui-ci fût l’auteur de ses Défenses. Outre les ouvrages dont nous venons de parler, on en doit beaucoup d’autres à l’abbé d’Aubignac ; les principaux sont: I. Traité de la nature des Satyres, Brutes, Monstres et Démons,1627, in-8º, que quelques-uns attribuent à un autre François Hédelin. II. La Pratique du Théâtre, 1657, ou 1669, in-4º. Les exemplaires sous ces deux dates sont de la même édition ; réimp. en 1715, à Amsterdam, 2 vol. in-8º. Cette édition contient le Discours de Gilles Ménage sur l’Heautontimorumenos, et le Térence justifié. D’Aubignac travailla jusqu’à la fin de sa vie à retoucher la Pratique du Théâtre, et y ajouta un chapitre entier sur les discours de piété dans les tragédies. On le trouve dans les Mémoires de littérature du père Desmolets, tome VI, page 210. L’auteur avait retranché de son livre tous les endroits où il parle de Corneille. « La Pratique du Théâtre, dit La Harpe, est un lourd et ennuyeux commentaire d’Aristote, fait par un pédant sans esprit et sans jugement, qui entend mal ce qu’il a lu, et qui croit connaître le théâtre, parce qu’il sait le grec. » III. Zénobie, tragédie en prose, 1647, in-4º. Cette pièce est la seule que l’auteur donna au théâtre. Les auteurs qu’il avait repris dans sa Pratique du Théâtre furent ravis de trouver cette occasion de le critiquer. Ils lui reprochèrent que les règles qu’il avait données lui étaient infructueuses ; et, comme il se vantait d’être le seul qui eût suivi les règles d’Aristote, le prince de Condé dit un jour « qu’il savait bon gré à l’abbé d’Aubignac d’avoir si bien suivi les règles d’Aristote ; mais qu’il ne pardonnait pas aux règles d’Aristote d’avoir fait faire une si mauvaise tragédie à l’abbé d’Aubignac. » IV. Macarise, ou la Reine des îles Fortunées, 1664, 2 vol. in-8º. C’est sur cet ouvrage que Richelet, qui l’avait d’abord loué et qui ensuite se brouilla avec d’Aubignac, fit ces quatre vers qu’il lui envoya :

Hédelin, c’est à tort que tu te plains de moi,
N’ai-je pas loué ton ouvrage ?
Pouvais-je faire plus pour toi
Que de rendre un faux témoignage ?

V. Histoire du temps, ou Relation du royaume de Coquetterie, in-12,