Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/32

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pléter l’Histoire des Oiseaux, celle des Mammifères, et ensuite faire celle de l’Homme. Il paraisait ne connaître de bornes à ses travaux que celles de la nature. Il préparait et empaillait avec beaucoup d’adresse les animaux, et il se formait un très-beau cabinet ; mais il ne se bornait pas à étudier la nature sur des squelettes ; il savait l’observer vivante ; les plus petits détails ne pouvaient échapper à sa patience et à sa sagacité. Il nourrissait depuis long-temps des araignées, ce qui lui avait donné les moyens de faire des remarques curieuses sur leur histoire. Audebert s’était donc préparé des travaux auxquels une très-longue vie eût à peine suffi pour les exécuter, lorsqu’en 1800, la mort l’enleva, à l’âge de quarante-deux ans. Aussi estimable par ses mœurs que par ses talents, son cœur était sensible et généreux. Quoique naturellement calme et réfléchi, il avait beaucoup de gaîté, et sa société était agréable. Il aimait la littérature, et même il a composé des comédies. Quand la mort vint arracher Audebert à ses travaux, il commençait l’Histoire des Grimpereaux et des Oiseaux de Paradis, etc., 1 vol. L’éditeur, M. Desray, qui possédait ses matériaux et la connaissance des procédés qu’il avait découverts et employés, a fait terminer ces deux derniers ouvrages avec autant de perfection que ce qui avait été dirigé par l’auteur lui-même. Le texte a été rédigé par M. Vieillot, naturaliste, ami d’Audebert. Ces deux ouvrages sont réunis sous ce titre collectif : Oiseaux dorés ou à reflets métalliques, 2 vol. grand in-fol. et grand in-4º, Paris, 1802, Desray. C’est sur le même plan et d’après les mêmes procédés que M. Vieillot a publié : Histoire des Oiseaux de l’Amérique septentrionale, qui fait suite. C’est à Audebert que les Oiseaux d’Afrique, de Levaillant, ont dû leur succès : il a dirigé l’impression des figures de cet ouvrage jusqu’à la treizième livraison. Les autres branches de l’histoire naturelle, et surtout la botanique, ont profité des découvertes d’Audebert ; de-là, ces ouvrages précieux, tels que le Jardin de Malmaison, de Ventenat, et les Liliacées, de Redouté, qui, réunissant l’exactitude à la magnificence, ont acquis, dans ce genre, à la France une prééminence que les autres nations ont en vain tenté de lui enlever. D—P—s.

AUDÉE, hérésiarque du 4e siècle, natif de Mésopotamie, était célèbre dans sa province par son zèle pour la religion, et par l’austérité de ses mœurs. Il joignait malheureusement à ces qualités un caractère orgueilleux et morose, qui le portait à censurer sans ménagement, non seulement les désordres qu’il voyait dans l’Église, mais encore les personnes, surtout les prêtres et les évêques coupables, qu’il reprenait avec autant de hauteur que d’amertume. Cette hardiesse importune, qui ne savait se plier à aucune convenance, le rendit insupportable, et l’exposa à des contradictions qui révoltèrent son orgueil. Il se sépara de l’Église, afin de ne pas communiquer avec les hommes vicieux qu’elle souffrait dans son sein. Il entraîna beaucoup de monde dans son schisme, et séduisit même un évêque, qui lui donna la consécration épiscopale. Devenu chef d’une secte, dont le caractère principal était une aversion invincible pour toute espèce de condescendance, on le déféra à l’empereur Constance, qui le relégua en Scythie, où il travailla avec succès à la conversion des infidèles : Étant passé de là dans le pays des Goths, il y bâtit des monastères, prêcha la pratique de la