Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 3.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

alarmé de la marche d’Antoine, donna la conduite de la guerre à Octave et à Décimus Brutus. Octave, qui avait fait son traité avec Antoine, au lieu de marcher contre lui, vint à Rome demander, à la tête de son armée, le consulat qu’on lui avait refusé. Les républicains firent quelques préparatifs de résistance ; mais les soldats et le peuple étaient trop affectionnés à Octave, pour que ses adversaires eussent quelque espoir de succès. Il fut reçu au milieu des plus vives acclamations, et déclaré consul par le peuple, à l’unanimité des suffrages, quoiqu’il n’eût pas encore 20 ans révolus. Un des premiers actes de son autorité consulaire fut de faire condamner légalement tous ceux qui avaient pris part à la mort de César ; il fit ensuite révoquer les décrets portés contre Antoine et Lépide, et les invita à revenir en Italie. Il alla au-devant d’eux, et le lieu de l’entrevue fut une île du Rhenus, aujourd’hui Reno, petite rivière qui se perd dans le Pô. Ce fut là qu’ils jetèrent les bases de la fameuse puissance appelée le triumvirat, dont le principe était une égale distribution du pouvoir suprême entre les trois chefs, qui devaient gouverner d’après de nouvelles lois, et réformer, disaient-ils, la chose publique. Ce plan fut cimenté par l’horrible proscription qui devait faire périr tous leurs rivaux, tous leurs ennemis, et remplir leurs trésors par les confiscations. Ils se sacrifièrent mutuellement plusieurs de leurs proches et de leurs amis ; Octave abandonna Cicéron à la vengeance d’Antoine, qui, à son tour, consentit à la proscription de son oncle Lucius César. Un autre sacrifice qu’on exigea d’Octave fut de répudier Servilie pour épouser Clodia, fille du fameux tribun Clodius et de Fulvie, alors épouse d’Antoine. La terreur devança les triumvirs dans les murs de Rome. A leur arrivée, la ville fut inondée du sang de ses citoyens. Ce fut au milieu de ces proscriptions, dont il faut lire le récit dans Appien, qu’Octave et Antoine firent des préparatifs contre Brutus et Cassius, qui s’étaient rendus maîtres des provinces d’Orient. Ayant conduit leur armée en Grèce, ils rencontrèrent les chefs républicains dans les plaines de Philippes, où cette grande contestation entre le triumvirat et la république fut décidée eu deux batailles. Octave, retenu par un accès de fièvre, n’assista point au premier combat, à la suite duquel Cassius se donna la mort. Il se montra dans le second, où l’aile qu’il commandait fut d’abord repoussée, mais qui n’en fut pas moins décisif par la victoire d’Antoine et par la mort de Brutus. Antoine, qui avait gagné la bataille, honora la mémoire de son ennemi ; Octave se montra moins généreux, et insulta, disent les historiens, aux restes de Brutus. Après cette campagne, la santé d’Octave se trouva si altérée que, lorsqu’il débarqua à Brindes, on désespéra de sa vie. A son retour à Rome, il eut à remplir la tâche difficile de satisfaire l’avidité des soldats, par la distribution des terres conquises sur le parti vaincu. Cette distribution occasionna de grands troubles ; Octave vit plusieurs fois sa vie en danger. Au milieu des scènes tumultueuses qui agitaient toute l’Italie, Octave eut à combattre Fulvie, dont il avait répudié la fille Clodia, et Lucius, beau-frère d’Antoine, qui avaient rassemblé des troupes dans la Gaule cisalpine. Après plusieurs combats, Lucius, le chef de cette nouvelle guerre civile, s’enferma dans Pérouse, et fut