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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 45.djvu/233

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re à Chyraz, avec tous les gens qui raccompagnaient. Louarzab, plus confiant ou plus touché des maux qui accablaient ses sujets, vint trouver Chah-Abbas, qui déjà maître de ses états, feignit de les lui rendre pour mieux le tromper, mais qui bientôt le fît arrêter, le relégua dans le Mazanderan, dont il espérait que le climat lui serait funeste, et l’envoya ensuite à Ghyraz, où il le lit étrangler secrètement, en 1622. Teymouraz, sans éprouver un sort aussi cruel, n’en fut pas plus heureux. Hors d’état de résister à son implacable ennemi, il échappa du moins à sa vengeance, en se réfugiant dans une forteresse, sur les sommets du Caucase, d’où il put voir ses domaines dévastés, et ses sujets massacrés ou traînés en esclavage. Abbas avait donné le gouvernement de la Géorgie à Bagrat Mirza , proche parent de Louarzab, lequel s’était fait musulman. Après son départ, Teymouraz sortit de sa retraite, et avec les faibles secours qu’il reçut des Turks et des Chrétiens, il lutta quelque temps contre Bagrat, qui se maintint par la force des armes persanes. Alors il alla chercher un asile dans les états du grand-seigneur, qui lui donna la ville de Konieh, avec les revenus de quelques terres dans l’Asie-Mineure. Teymouraz réussit par ses instances à intéresser son protecteur dans sa querelle. Une armée othomane pénétra en Perse, au printemps de l’année 1618, et s’avança jusqu’aux environs d’Ardebil, où étaient les tombeaux des ancêtres du roi de Perse. Teymouraz se repaissait d’avance du plaisir de brûler cette ville, en représailles des maux qu’avait soufferts la Géorgie ; mais la victoire décisive que les Persans remportèrent sur les Turks, au commencement de septembre, obligea ceux-ci à regagner leurs frontières. Teymouraz retourna dans l’Asie-Mineure, en attendant des circonstances plus favorables. Cependant la vengeance de Chah-Abbas était loin d’être assouvie. Il fit priver de la virilité les deux enfants de Teymouraz, persécuta la mère de ce prince, pour la forcer d’embrasser l’islamisme, et n’ayant pu vaincre sa résistance, il ordonna qu’elle fût mise à mort, ce qui fut exécuté le 22 septembre 1624. Teymouraz voyant que les Turks le pressaient lui-même de se faire mahométan, s’était retiré en Russie, où les négociations du czar auprès du sofy, pour obtenir la liberté de l’infortuuée Ketwane, n’avaient servi qu’à hâter la fin de cette princesse. Teymouraz trouva moyen de rentrer en Géorgie, et y remporta quelques avantages; mais il fut forcé de céder encore à la fortune et à la puissance de Chah-Abbas. Après la mort de ce monarque, il revint en Géorgie, excita un soulèvement contre les Persans, en 1630, fit périr Simon, fils et successeur du vice-roi que Chah-Abbas y avait établi, et se rendit maître de toutes les places fortes, à la réserve de Teflis; mais ce ne fut pas pour long-temps. Chah Séfy, nouveau roi de Perse, envoya une armée nombreuse, sous les ordres de Roustem, frère et oncle des deux derniers vice-rois. Ce général battit les Géorgiens en plusieurs rencontres, recouvra le Karht’el et la plus grande partie du Kakhet, et força Teymouraz de se cantonner dans le Caucase, et d’y vivre plutôt en fugitif qui combat pour sa vie, qu’en souverain qui défend sa couronne.

    âge, amour auquel Chardin et Peyssonel, après lui, attribuent, contre toute raison, les persécutions qu’elle éprouva depuis.