Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 84.djvu/72

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1741, il fut employé dans l’armée du maréchal de Maillebois, et désigné pour commander la cavalerie, il hiverna avec elle en Westphalie. L’année suivante, il fut chargé du commandement de la cavalerie bavaroise, et la rejoignit au camp de Nider-Altkirch commandé par le duc d’Harcourt et ensuite par le comte de Saxe. Il s’y distingua dans plusieurs occasions et rejoignit ensuite l’armée de Maillebois sur les frontières de Bohème où il contribua à la levée du siége de Braunau. Le 20 février 1743 il fut fait maréchal de camp ; lorsque son père et son grand père étaient également officiers généraux en activité, de manière que Delille aurait pu dire de cette famille ce qu’il a dit de celle des Condé :

Trois générations vont ensemble à la gloire.

Désigné pour continuer à conduire la cavalerie de l’armée de Bavière, sous le duc de Broglie qui fut bientôt obligé de quitter ce pays pour se rapprocher du Necker, le comte de Bissy, ayant commandé l’arrière-garde, supporta tout le poids de la retraite. Il ramena néanmoins ses troupes en Alsace sans être entamé, et acheva la campagne sous les ordres du maréchal de Noailles. En 1744 il fut nommé gouverneur de Pontarlier, lorsque déjà il avait reçu des lettres de service pour commander la cavalerie de l’armée d’Italie, sous les ordres du prince de Conty. Le 1er avril, il se trouva au passage du Var, à la prise des châteaux d’Apremont, de Nice, de Castel Novo, de la Turbie, etc., opérations préliminaires de la grande attaque que le prince de Conty et l’infant don Philippe, qui commandaient l’armée combinée, méditaient sur les retranchements de Villefranche et du mont Alban. Le 19, à six heures du soir, l’armée se mit en marche pour commencer l’action avant le jour. Bissy, quoique le plus jeune maréchal de camp, eut le commandement de la colonne qui devait soutenir les Espagnols sous les ordres du marquis del Campo Santo. Le 20, l’attaque commença, dès le matin sur toute la ligne. Bissy s’empara d’abord des batteries qui flanquaient la gorge de Villefranche, et il pénétra jusqu’au haut du col ; puis, ayant fait un mouvement par sa gauche, il s’empara des hauteurs du mont Gros, d’où il prit à revers la seconde ligne de l’ennemi. Cinq bataillons piémontais qui les défendaient, y furent faits prisonniers, ainsi que le comte de la Suze, fils naturel du roi et général en chef de l’armée ennemie. Les drapeaux et l’artillerie restèrent aux mains des vainqueurs. Les troupes espagnoles et les autres colonnes ne prirent qu’une légère part à l’action, dont tout le poids resta sur le marquis de Bissy. En rendant compte à son souverain de ce combat, le général espagnol qui avait combattu à ses côtés, écrivit : « Il se présentera des occasions où nous ferons aussi bien que les Français, car il n’est pas possible de faire mieux… » La reddition de Villefranche et de Montalban fut la suite naturelle de cette victoire. Le 2 mai la nouvelle en arriva au roi qui avait déjà ouvert en personne la campagne de Flandre. Le marquis de Bissy s’était conduit avec tant de valeur et de présence d’esprit dans les différents ordres qu’il eut à donner, que le roi le nomma chevalier de