Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1811 - Tome 9.djvu/59

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CLÉ ïîiiir sa détention. 11 eut peu de peine à prouver que la critique des Saisons ne confeuail aucune personnalité ; il obtint !a permission de la publier. Cette tracasserie n’abattit point son courap ;e, et ne l’empccha pas de continuer d’écrire avec une nouvelle ardeur ; mais il conserva jusqu’à sa mort la plus vive reconnaissance du service que Rousseau lui avait rendu. De vives disputes éclatèrent aussi entre La Harpe et Clément, et i’s vécurent long-temps en ennemL» déclarés ; cependant, lorsqu’aprcs les orages révolutionnaires, La Harpe fut rendu à la littérature , Clérat-nt , qui rédigeait un journal , eut occasion de parler des nouvelles productions de son ennemi , et leur paya franchement un juste tribut d’éloges. Ce procédé généreux réconcilia les deux antagonistes ; ils se virent, et s’embrassèrent publiquement. Dans le même temps où une vieille haine s’apaisait ainsi , une ancienne amitié achevait de s’éteindre. C’était Clément qui avait commencé la célébrité de Lebrun, et qui le premier avait fait connaître le mérite de quelques vers de ce poète , et surtout son talent pour les traductions. Au milieu des troubles de la France, Clément cessa de voir Lebrun , et fit même contre le Pindare de la révolution l’impromptu suivant : SIo» rîmrurs pléb«ïens. Ut d’nn joog importua , Ont dëtrdné le dieu qui régoait »a Parniste. D^trAaé, ditr»-vous ? qu’oat-ils mis a li place Du bluod Phebas ? Fhébai Lebnio. Ces vers n’étaient qu’une saillie de société , mais on les retint , on les répéta , et Lebrun s’e^t vengé par deux épiçurammes £iib !es et peu dignes de son tiilent. Clément ne voulut être d’aucun parti , tant il craignait de perdre le droit d’écrire et de penser Ubrcnient. Parmi toutes les personnes qui l’ont connu, celles qui seraient le plus «’k»gnéc5 d’approuver la rigucm- de CLÉ T ses jugements critiques sont forcées de rendre justice à sa conduite, aussi bien qu’à l’invariable fermeté de se» principes. Trouvant son bonheur dans la retraite , et les entretiens de l’amitié, exempt d’ambition , méprisant tous les délires passagers de l’opinion publique, il pensait, il écrivait en 1796 et en 1812, comme il avait fait en 1771 et i-jSS. Persécute par un parlement, emprisonné pour avoir offensé l’orgueil d’un bel esprit, il n’alla point grossir le nombre des mécontents à l’époque où tant de novateurs feij^naut de s’immoler au bonheur général , ne s’occupaient que de leurs intérêts et de leurs vengeances personnelles. En résumant tous les jugements divers qu’on a portés sur Gément, nous dirons qu’on lui reproche de manquer de flexibilité et de grâce dans ses écrite , et surtout de pousser trop loin l’âpreté de la critique. Plus d’une fois les apparences le firent croire coupable de haine et d’aniraosité ; mais nous pensons que les défauts et les excès dont sa plume est accusée viennent d’abord de sa brusque franchise , qui , ne pouvant taire la vérité, croyait , pour assurer son triomphe , n’en jamais dire assez , et ensuite d’une certaine roideurde caractère, incapable de plier et de se conformer aux petites convenances sociales. Les ouvrages que Clément a donnés au public sont : L Observations critiques sur la nouvelle traduction en vers français des Géorgiques de Firgile, et les poèmes des Saisons, de la Déclamation et de la Peinture, Genève, 1771, I vol. in-8’. Quand ces observations parurent , on accusa Clément d’avoir fait sur les Géorgiques de l’abbé Dehile une critique beaucoup trop rigoureuse, d’être tombé dans l’excès d’une minutieuse censure , en appuyant trop foiteraent sur des fau.