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sur les Jugements des savants de Baillet., t. 11, p. 190), Acron est le véritable auteur d’un commentaire sur les Adelphes de Terence, dont Sosipater Charisius rapporte plusieurs fragments dans sa grammaire, on peut en conclure qu’Acron était antérieur à Charisius, et par conséquent qu’il florissait au plus tard vers la fin du 4e siècle. Des divers ouvrages qu’il avait composés, aucun ne nous est parvenu tout entier. Le plus connu, son Commentaire sur Horace, est incorrect et délivré par les différentes interpolations des copistes. Ce commentaire, imprimé pour la première fois à Milan, en 1474, grand in-4o, très-rare, a été souvent reproduit dans des éditions d’Horace, à la fin du 15e et au commencement du 16e siècle. La Monnoie regardait toutes ces anciennes scolies comme très-suspectes. « Elles demandent, dit-il, un lecteur judicieux qui sache en faire son profit, et démêler, comme on dit, les perles dans le fumier. » Suivant Schoell (Hist. abrégé de la littérature romaine), on retrouve dans le commentaire d’Horace une partie des scolies de C. Émilius, de Julius Modestus et de C. Terentius Seaurus, les trois plus anciens commentateurs du poëte latin. Au jugement du P. Vavasseur, Acron avait moins de goût et de finesse dans l’esprit que Porphyrion, autre scoliaste d’Horace, dont le travail est réuni à celui d’Acron dans plusieurs éditions du lyrique. Quelques philologues revendiquent pour Acron un Commentaire sur les satires de Perse, publié sous le nom de Cornutus le grammairien, diffèrent de Cornutus le précepteur de Perse. W-s.


ACRONIUS ou ACRON (Jean) est un médecin et mathématicien, que l’auteur des Athenæ Rauricæ a confondu mal à propos avec J. Atrocianus : erreur qu’il est d’autant plus nécessaire de signaler, qu’elle a passé dans les dictionnaires les plus récents [1]. Acron était né vers 1520, dans une petite ville de la Frise, dont il prit le nom, suivant un usage assez commun de son temps. Ayant achevé ses premières études, il vint, en 1542, à Bâle pour y perfectionner ses connaissances et en acquérir de nouvelles. Ses progrès dans les mathématiques furent si rapides, qu’au bout de deux ans on le jugea capable d’occuper la chaire de cette science ; et, en 1549, on y joignit celle de logique. Acron remplit cette double tâche jusqu’en 1553. Il obtint alors d’être dispensé de l’enseignement de la logique. Dans les loisirs que lui laissait le professorat, il étudiait la médecine. S’étant fait recevoir docteur, le 2 mai 1564, il trouva bientôt l’occasion d’exercer ses talents connue médecin dans une épidémie qui causa de grands ravages à Bâle ; mais il mourut, victime de son zèle, le 28 octobre de la même année. Suffrid Petri, contemporain d’Acron, nous apprend qu’il avait compose plusieurs traités d’astronomie : Confectio astrolabii et annuli astronomici ; — de Sphæra ; — de Moto terræ (Voy. Scriptor. Frisia, p. 104.) Ces divers ouvrages sont

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restés manuscrits. Les magistrats de Bâle ayant découvert, en 1559, que le prétendu Jean Bruck ; (ou van Brugen), mort en cette ville, trois ans auparavant, n’était autre que le fameux David George (voy. ce nom), firent saisir les papiers qu’il avait laisses dans un coffre de fer à Binningh. Acron, avec quelques autres de ses collègues, fut chargé de les examiner et d’en extraire les principaux points de sa doctrine. Sur leur rapport, on instruisit contre David George, et son cadavre fut brulé avec ses livres. Dans une lettre du 28 juillet 1559, Acron rendit compte de cette affaire à un de ses amis. Cette lettre, qui contient un précis de la vie de David George et de sa doctrine, a été publiée par Simon Abbes Gabbema, dans les Clarorum Virorum Epistolæ, p. 140-167. Acron y parle d’un ouvrage auquel il travaillait (amplissimmu et utilissimum), que d’autres occupations l’avaient empêché de terminer. « Depuis quatre mois, dit-il, je n’en à pas fait un seul chapitre. Après le calendrier que j’ai dressé pour l’année prochaine (1560), tout mon temps a été pris par la secte de David (Dacidim secta occupatus fui). » Acron est l’éditeur des Opera theologica de son compatriote Regner Prædinius (van Viessem). C’est lui qui a rédigé l’épitre dédicatoire à la régence de Groningue. W-s.


ACROPOLITE (George), naquit à Constantinople, vers l’an 1220, d’une famille distinguée, et y reçut l’éducation la plus brillante. Son père, qui était malgré lui attaché au service des empereurs francs ou latins conquérants de Constantinople, l’envoya, à l’âge de seize ans, à la cour de Théodore Lascaris, qui régnait à Nicée : Acropolite fut successivement chargé de différentes missions importantes, et devint grand logothète, dignité qui répond à celle de premier ministre). L’empereur Michel Paléologue l’envoya en ambassade au pape Grégoire X, pour négocier avec ce pontife la réunion de la communion grecque avec la communion latine. Il assista, l’an 1274, au deuxième concile général de Lyon, où il abjura le schisme, au nom de l’empereur, et reconnut que les dogmes de l’Église latine étaient les mêmes que ceux de l’Église grecque ; mais cette réunion ne fut pas approuvée et ne produisit aucun effet. Il revint à Constantinople où il mourut vers l’an 1282. Il a écrit une chronique contenant l’histoire de l’empire grec, depuis la prise de Constantinople par les Latins jusqu’à l’an 1260, époque à laquelle cette ville fut reprise par Michel Paléologue. La meilleure édition de cette histoire est celle que Léon Allatius en a donnée, avec une traduction latine et des notes, à Paris, imprimerie royale, 1651, in-fol. La position élevée qu’il avait occupée, et la part qu’il avait eue au gouvernement de l’État, lui donnaient un grand avantage pour devenir l’historien de l’empire grec à l’époque où il vécut. Aussi, malgré l’obscurité du style et le défaut de méthode, sa Chronique, qui fait partie de la Collection byzantine, est-elle recommandable comme relation détaillée, et probablement exacte, d’événements arrivés, pour la plus grande partie, sous les yeux de l’auteur. On a aussi de lui quelques ouvrages sur la théologie, qui ne sont pas imprimés. C-r.

ACROPOLITE (Constantin), fils du précé-

  1. La Biographie médicale attribue à notre Acron, l’édition de Marcel, publiée par Atrocianus. Cette erreur se retrouve accompagnée de plusieurs autres dans le Dictionnaire de Feller, édition, qui, après avoir longtemps copié nos articles, a si ridiculement pris notre titre de Biographie universelle