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ACT

sur la cavalerie algérienne, forte de 24,000 hommes, au moment où elle manœuvrait pour occuper toute la plage vers laquelle les Espagnols se retiraient. Cette belle action lui fit, dans toute l’Europe, une brillante réputation, et lui ouvrit le chemin d’une grande fortune. La France lui offrit le grade de capitaine de vaisseau : il demanda celui de chef d’escadre, qui lui fut refusé. Il fut plus heureux à Naples, où le roi, d’après le conseil du marquis della Sambuca, son ministre, lui offrit du service, qu’Acton accepta, après en avoir obtenu la permission du grand-duc. On prétend que ce prince, dans sa réponse au roi de Naples, vanta les talents d’Acton, mais lui dit en même temps que celui-ci avait le caractère disposé à l’intrigue. Bientôt, par la faveur de la reine, il fut nommé ministre de la marine, et fit dans ce département des économies qui donnèrent une heureuse idée de son administration. Peu après, il eut le ministère de la guerre, et profita de son influence pour donner une autre organisation au ministère des finances, dont les fonctions furent confiées à un conseil composé par lui. Ce fut d’après sa demande que la reine eut entrée au conseil, et dès ce moment son crédit n’eut plus de bornes. Il se ligua étroitement avec Hamilton, ministre d’Angleterre. Une haine constante contre la France fut le mobile de toutes ses actions. Cette puissance avait coutume d’acheter des bois de construction dans le royaume de Naples : Acton, sous prétexte du besoin qu’on aurait de ces bois pour la marine qu’il avait le projet de former, engagea le roi Ferdinand à en refuser l’exportation. Lorsqu’un tremblement de terre désola la haute Calabre, Acton refusa de recevoir une frégate chargée de grains, que le gouvernement français avait envoyée pour aider le roi de Naples à secourir les victimes de cette calamité. Le roi d’Espagne enjoignit alors à son fils d’éloigner le ministre qui avait tenu une conduite si révoltante ; mais la reine soutint Acton, et il fut conservé. Le cardinal de Bernis vint inutilement à Naples pour faire cesser cette lutte scandaleuse d’un fils contre son père et contre le chef de sa famille ; mais rien ne put ébranler le crédit du ministre. Acton répondit, le 10 décembre 1792, à la lettre que le grenadier Belleville apporta au roi des Deux-Siciles, de la part de Latouche-Tréville, amiral de la flotte française. Les propositions que contenait cette lettre furent acceptées, dans la crainte du bombardement. En 1795, il fit prévenir le divan, pour s’engager à ne pas recevoir Semonville comme ministre de France. Il dirigea, en 1794, la commission dite junte d’État, créée pour l’arrestation des hommes suspects au gouvernement. Il donna sa démission au mois de mai 1795. Ses ennemis se réjouirent de cet événement, parce qu’ils crurent que son crédit était tout à fait perdu : leur joie ne fut pas de longue durée. Le roi lui conserva la dignité de conseiller d’État, la grande croix de St-Janvier, et lui accorda une pension de 4,000 ducats, reversible à sa mort sûr la tête de la personne qu’il désignerait ; de plus, S. M. l’autorisa à correspondre pour les affaires de quelque département que ce pût être, et ordonna à tous les bureaux de se conformer aux dépêches signées de sa main, comme si elles venaient de la part du roi lui-même. À la suite de la paix conclue en 1797 (an 5), avec la république française, les journaux français publièrent qu’Acton avait encouru la disgrâce de la reine, pour cette pacification conclue sans qu’elle y eût participé ; mais, loin de là, on vit encore son crédit s’augmenter. De concert avec cette princesse, il ne tarda pas à déterminer le roi à recommencer les hostilités contre les Français qui occupaient l’État romain, et il accompagna son souverain dans l’expédition si célèbre par la défaite de Mack. Lorsque la paix eut été de nouveau conclue, Acton fut sacrifié à la politique imposée à la cour de Naples par la nécessité, et renvoyé, sur la demande du ministre français. Depuis ce temps, il ne dirigea plus les affaires d’une manière ostensible ; il chercha même, dans les douceurs de l’union conjugale, l’oubli ou la consolation de l’influence qu’il avait perdue. On peut reprocher à ce ministre, qui conduisait d’ailleurs avec beaucoup de fermeté les affaires du royaume dont le soin lui était confié, de s’être laissé quelquefois influencer par les subalternes et par des préventions auxquelles un homme d’État ne doit jamais céder, quand surtout elles naissent de ses mécontentements particuliers. Son aversion pour la France, au service de laquelle il se plaignait d’avoir éprouvé un passe-droit, fut en grande partie la cause de la partialité que, dans toutes les occasions, il montra pour l’Angleterre, et de la haine ardente qu’il porta à la révolution française et à tous les individus qui, dans le royaume de Naples, furent soupçonnés d’en être les partisans. S’il eût mieux connu les ressources et l’opinion du pays qu’il administrait, il aurait peut-être évité de l’engager dans des entreprises qui, n’étant ni proportionnées à sa population, ni analogues à l’esprit public qui y régnait, l’épuisèrent sans utilité pour la cause commune. (Voy. Caroline et Ferdinand IV.) Renvoyé du ministère pour la dernière fois, en 1803, sur la demande de l’ambassade de France, il se retira en Sicile, où il passa les dernières années de sa vie. Quoique depuis longtemps il eût perdu la faveur de la reine, il ne cessa pas d’être consulté souvent sur les affaires de l’État, et cette princesse l’honora d’une visite quelques jours avant sa mort, qui eut lieu dans le mois d’août 1811. Sa femme, beaucoup plus jeune, lui a survécu longtemps en Angleterre, puis en France. — Acton (le général), frère cadet du précèdent, mourut à Naples, le 12 janvier 1830, à l’âge de 93 ans. Il était né à Besançon. Entré au service de France des sa jeunesse, il fut présent à la bataille de Rosbach. Lors de la révolution, il émigra et se rendit à Naples, où il obtint, en 1799, le grade de colonel. En 1806, il suivit le roi en Sicile, et revint avec lui à Naples, ou il fut nommé gouverneur de Gaëte. M-d j.


ACTUARIUS (Jean). Ce nom, qu’ont porté tous les médecins attachés à la cour de Constantinople, était un office de la cour ; mais il a été plus particulièrement donné à un médecin grec qui s’appelait auparavant Jean, fils de Zacharie. Il vivait, selon Wolfgang-Justus, dans le 11e siècle ; selon René Moreau, dans le 12e. Fabricius le place dans le 13e, et Lambecius