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ADA

bâtiment de Gérard van Beuningen. On s’attendait à être attaqué par les Espagnols. Un matelot qui avait fait le voyage du Japon avec les Portugais conseilla de se diriger vers cette contrée, où l’on serait sur de vendre avantageusement la cargaison de drap que l’on avait à bord. Le 24 janvier 1600, Beuningen fut séparé par un coup de vent de l’amiral que l’on ne revit plus. Les maladies avaient enlevé la plus grande partie des matelots, et parmi ceux qui restaient, il n’y en avait pas dix qui pussent se tenir debout. Adams, se fiant aux cartes, qui étaient fautives, cherchait le port de la capitale du Japon sous une latitude trop basse ; enfin, le 19 avril, lorsque six hommes seulement étaient encore en état de faire le service, le navire mouilla près de la côte de Bougo, dans l’île de Kiusiu. Les Japonais, suivant leur usage, mirent une garnison à bord du navire, puis le conduisirent dans un port excellent. Un jésuite et un Portugais, envoyés pour servir d’interprètes aux Hollandais, essayèrent de les faire passer pour des pirates ; neuf jours après, un ordre de l’empereur enjoignit d’amener leurs chefs à Osaka, ou il tenait sa cour ; le capitaine fit partir Adams et deux matelots. Après leur audience, ils furent conduits dans une prison où on les traita bien. Une seconde entrevue avec le monarque fut suivie d’une détention dans un lieu différent. Ensuite Adam et ses compagnons furent renvoyés à leur navire, qui fut mené dans le port de Surunga ; on leur restitua la valeur de ce qui leur avait été pris. Adams, par son intelligence et son habileté dans la pratique de divers arts, parvint a gagner la faveur de l’empereur. Grâce à son crédit, au bout de deux ans, le capitaine obtint la liberté de sortir de l’empire, et celle d’y commercer. Mais ce marin fut tué, un an après, dans un combat près de Malaca, et les lettres dont Adam l’avait chargé furent perdues. Celui-ci, ne recevant pas de ses nouvelles, confia d’autres lettres à des navires japonais. Enfin il en arriva une à Bantam ; elle était du 22 octobre 1611, avec cette singulière suscription en anglais : À mes amis et à mes compatriotes inconnus, que je prie de faire tenir cette lettre ou une simple copie, ou seulement les nouvelles qu’elle contient, à quelques personnes de ma connaissance, soit à Limehouse, soit à Gillingham. Les avis qu’elle contenait ne furent pas négligés. Guillaume Saris jeta l’ancre près de Firando, en 1613 ; les Hollandais y avaient un comptoir depuis 1609. Adams servit d’interprète à Saris, qui fit le voyage de Iedo : l’empereur le chargea d’une lettre pour le roi de la Grande-Bretagne, et d’un acte accordant aux Anglais le privilège de commercer au Japon. Ceux-ci en profitèrent pendant quelque temps. Adams, quoique retenu au Japon, put cependant en sortir comme pilote sur les vaisseaux de ses compatriotes qui allaient dans les contrées voisines : toujours il revenait dans le pays ou il jouissait d’une grande considération et où il possédait des terres ; il différait sans cesse son retour en Angleterre ; la mort le surprit à Firando, en 1620 ou 1621. On peut le regarder comme ayant facilité aux Hollandais la faculté, qu’ils ont conservée depuis, de faire le commerce avec le Japon, et ils lui sont redevables de la permission de faire le voyage de Iedo. Charlevoix, qui le qualifie chevalier, prétend que, par ses insinuations auprès de l’empereur, il nuisit beaucoup aux Espagnols et aux chrétiens. Le tome 1er du recueil de Purchas contient deux lettres d’Adams où il raconte ses aventures et donne des observations sur le japon. On le trouve, dans le même volume, la relation du voyage de Saris, de ses négociations à la cour du Japon, et de l’établissement d’un comptoir anglais à Firando ; diverses à lettres d’Édouard Cox, que Saris avait laissé ce port (elles vont jusqu’en 1620) ; une lettre d’Arthur Hatch, qui n’avait quitté ce pays qu’en 1625. Tous ces morceaux sont intéressants pour l’histoire de la navigation et du commerce des Anglais, ainsi que pour l’ethnographie du Japon. Le Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement et aux progrès de ma compagnie des Indes orientales offre des particularités curieuses sur Adams, et sur un Hollandais qui, venu au Japon avec lui, vivait encore en 1630. E-s.


ADAMS (William), théologien anglican, né à Shrewsbury, en 1707, fit ses études à l’université d’Oxford, et se lia dès lors avec Samuel Johnson d’une amitié qui ne cessa qu’a la mort de cet homme célèbre. Il occupa plusieurs places, et mourut archidiacre de Landalf et principal du collège de Pembrocke d’Oxford, en 1789. On a de lui un volume de Sermons, 1777, et un Essai sur l’Essai de Hume touchant les miracles, 1752, in-8o, regardé longtemps comme une des plus habiles réponses faites aux assertions de ce sceptique. Adams avait d’ailleurs usé de tant de ménagement dans l’expression à l’égard de son antagoniste, que celui-ci, l’ayant rencontré, s’empressa de l’en remercier. Ils dinèrent ensemble, et se visitèrent réciproquement. L.


ADAMS (Samuel), membre du congrès américain, fut un des principaux auteurs de la révolution des États-Unis. Il était né à Boston, le 27 septembre 1722. Après avoir fait partie de la législature américaine pendant dix ans, il devint, en 1774, membre du congrès général, et se montra dès lors l’un des chefs les plus audacieux du parti de l’indépendance. Ce fut à lui que l’on dut en grande partie l’opposition si vive qui se manifesta de bonne heure dans cette province contre les lois fiscales de l’Angleterre. Quoiqu’il fût déjà fort âgé à l’époque des premiers troubles, il ne cédait à personne, ni par la vivacité de ses idées, ni par son activité à les mettre à exécution. C’est lui qui, le premier, donna l’idée d’organiser les sociétés populaires de manière que toutes correspondissent ensemble, et eussent un point central dans celle de Boston. Cette organisation, qui créa une espèce d’État dans l’État, fut un des plus puissants leviers de la révolution. Adams s’impatientait de ce que les hostilités ne commençaient pas assez tôt entre les colonies et la mère patrie, et on l’entendit s’écrier, à la nouvelle des premiers coups de fusil tirés à la bataille de Lexington : « Quelle glorieuse matinée que celle-ci ! » Il fut aussi le premier à élever ses vues vers l’indépendance, même au moment où les partisans les plus chauds de la liberté américaine ne visaient encore qu’au redressement de quelques griefs. Élu